
Le plus jeune président de la Ve République
Ce 7 mai 2017, Emmanuel Macron a été élu par les Français. À seulement 39 ans et 4 mois, il devient le plus jeune président de la Ve République. Choisi pour occuper la plus haute charge de l’État, le nouveau locataire de l’Élysée aura comme lourde responsabilité de diriger l’une des plus grandes puissances européennes dont la jeunesse constitue une des clés de son avenir. Quelles sont les attentes de cette jeunesse et les réponses proposées par Emmanuel Macron? Comment les jeunes électeurs français ont-ils réagi lors du premier et du second tour de l’élection présidentielle ?
La jeunesse, préoccupation des Français
L’École constitue une des priorités pour les Français. Une très large majorité d’entre eux considère l’éducation comme un facteur aussi important que la démocratie et le plein emploi pour le développement d’un pays. Mais une majorité se déclare également insatisfaite de l’éducation de manière générale. Les enquêtes PISA (Programme international pour le suivi des acquis) menées par l’OCDE le montrent : depuis 10 ans, la France est dans la moyenne des pays développés, au même niveau que la Suède, l’Autriche ou les Etats-Unis mais en deçà des pays en tête comme Singapour, le Japon, l’Estonie, la Finlande ou le Canada.
Mais que pense la jeunesse française de sa situation ? Selon l’enquête « Génération quoi ? » réalisée en France à l’automne 2013, une grande partie des jeunes sont optimistes quant à leur devenir personnel mais extrêmement pessimistes concernant le destin de leur génération. La défiance envers les mondes médiatique et politique est interpellante. Près de la moitié des jeunes Français n’ont pas du tout confiance dans les journalistes ainsi que dans les mandataires publics. Ces derniers sont soit « corrompus » soit « inefficaces », « laissant la finance diriger le monde ».
Ils n’ont pas le sentiment que la société leur donne les moyens de montrer ce dont ils sont capables tant dans le système éducatif que dans la sphère professionnelle. Et ce, alors que la valeur travail tient une place importante dans leur vie, qui leur permet de s’épanouir. Toutefois, la satisfaction au travail varie d’une catégorie de travailleurs à une autre, les intérimaires par exemple se disant moins épanouis au travail.
Quelles ont été les propositions d’Emmanuel Macron et d’En Marche pour la jeunesse ?
Durant son quinquennat, Emmanuel Macron souhaite augmenter le nombre de créations de crèches et donner la priorité à l’apprentissage des fondamentaux « lire, écrire, compter » dans le préscolaire, en maternelle et au primaire en divisant par deux la taille des classes en primaire.
Face au nombre élevé de jeunes quittant l’enseignement sans diplôme ou souffrant de mauvais choix d’orientation, l’accent serait mis sur les dispositifs d’orientation au collège et au lycée avec l’accompagnement après la classe, des stages de remise à niveau pour les collégiens difficulté, en remettant en place les études dirigées, en formant un million de jeunes aujourd’hui sans qualification, ni activité. Dans le même ordre d’idée, encore beaucoup de lycéens professionnels n’obtiennent pas leur diplôme après l’apprentissage. La création de périodes de préapprentissage pour les moins de 25 ans et les filières en alternance dans les lycées professionnels doivent permettre de lutter contre le chômage endémique qui frappe les jeunes.
Le nouveau président désire renforcer l’implication de bénévoles et d’associations dans le milieu éducatif, en mobilisant des jeunes engagés dans le cadre du service civique qui appuieraient les professeurs, particulièrement pour la maîtrise du langage (pertinence du recours à des bénévoles pour accompagner les enfants dans l’apprentissage de la lecture) et en encourageant l’implication de bénévoles (notamment les étudiants) dans le soutien des élèves après la classe mais aussi en soutenant les associations dédiées.
Les étudiants ne sont pas oubliés. Une amplification du programme Erasmus est prévue pour permettre à 200.000 étudiants et apprentis français d’en bénéficier chaque année. Tous comme les étudiants, les jeunes désireux d’entreprendre verraient leur projet facilité par l’élargissement du statut d’auto-entrepreneur en assouplissant le régime de la micro-entreprise et par un coup de pouce pour les startups via l’abaissement du taux d’imposition sur les sociétés.
L’accès à un logement demeure un problème toujours d’actualité, d’où l’idée de construire 60.000 nouveaux logements pour les étudiants et 20.000 pour les jeunes actifs.L’accès à la culture pour tous et toutes serait aussi renforcé par la création d’un « Pass Culture » qui permettra à chaque Français le jour de ses 18 ans d’effectuer 500€ de dépenses culturelles (cinéma, théâtre, livres, etc.).
Il est une mesure proposée par le candidat d’En Marche, également évoquée par la candidate du Front National mais dans une autre proportion, qui aura particulièrement marqué les jeunes : l’instauration d’un service militaire d’une durée d’un mois.
La réalité des urnes
Les propositions d’Emmanuel Macron ont-elles convaincu la jeunesse française ? Au premier tour de l’élection présidentielle, les jeunes ont plébiscité Marine Le Pen (25,7%) et Jean-Luc Mélenchon (24,6%), Emmanuel Macron n’arrivant qu’en troisième position (21,6%). De manière plus générale, Emmanuel Macron séduit les électeurs diplômés ou étudiants du supérieur, catégorie relativement hermétique au vote frontiste8. À contrario, les ouvriers et les personnes sans le BAC se prononcent en majorité pour Marine Le Pen.
Au second tour, les chiffres sont très différents. Si Emmanuel Macron arrive en tête dans toutes les catégories d’âge, les chiffres pour Marine Le Pen et l’abstention sont significatifs. Le Front National réalise ses meilleurs scores chez les 25-49 ans, atteignant en moyenne 40 à 43%. De même pour l’abstention qui atteint plus de 30% du corps électoral pour les 18-34 ans.
Si aucun doute ne plane sur la victoire d’Emmanuel Macron lors du second tour, ces chiffres doivent être un avertissement clair et net tant pour la nouvelle présidence que pour l’ensemble du monde politique. D’autant que la logique de ces résultats ne cessent de se répéter d’élections en élections et ce, peu importe le niveau de pouvoir en jeu.
Il semble qu’au premier tour, les électeurs d’En Marche aient privilégié l’honnêteté et la capacité à porter des idées nouvelles. Pour le second tour, ne nous disposons pas de données pour déterminer dans quelles proportions la jeunesse a voté pour Emmanuel Macron par adhésion à son projet et sa personne ou par rejet du Front National.
Si nous comparons les résultats de l’élection présidentielle française et ceux de l’élection présidentielle américaine que nous avons déjà abordé dans notre Libre² numéro 8, nous constatons une grande similitude dans le vote des jeunes. Alors que 37% des Français âgés de 18 à 34 ans ont voté pour Marine le Pen, le vote des jeunes en faveur de Trump est monté à 37% tandis que Hillary Clinton recueillait 55%. S’il serait faux de comparer des situations et des contextes différents, nous pouvons au moins constater une dynamique commune des deux côtés de l’Atlantique : le vote populiste ne cesse de accroître chez les jeunes.