
Au cours d’échanges et de rencontres avec des mandataires et candidats communaux lors de la dernière campagne pour les élections communales, Jeunes & Libres a posé le constat qu’il existait à l’échelon local une certaine méconnaissance des Organisations de Jeunesse.
Pourtant, par leurs actions et leur volonté de soutien aux jeunes, celles-ci possèdent un fort ancrage local. Notre fédération a donc décidé en ce début d’année 2019 de partir à la rencontre des nouveaux échevins de la jeunesse de la Fédération Wallonie-Bruxelles. L’objectif était à la fois de présenter l’action de nos membres dans les communes et leurs environs, de présenter les revendications de notre mémorandum Commun’OJ,(1) mais également de nourrir notre réflexion sur l’accessibilité des OJ. Ce ne sont pas moins de 12 réalités locales diverses aux défis multiples que notre fédération a découvertes.
Plus de transversalité
Si de nombreux échevins de la jeunesse sont encore dans un travail d’analyse de leur tissus associatif local, ces rencontres ont permis de constater que nos OJ membres offraient des projets par et pour les jeunes qui répondent à de nombreuses priorités portées par les nouvelles majorités.(2) L’éducation aux médias, le harcèlement (notamment en ligne), la prévention, l’intergénérationnel et l’inclusion des personnes handicapées sont des thématiques sur lesquelles de nombreuses majorités, quelles que soient leurs tendances politiques, souhaitent axer leur action durant cette législature. Cela montre, s’il était encore besoin de le prouver, que l’action de nos OJ est en phase avec les enjeux et les défis du XXIème siècle.Dans Commun’OJ, nous avions soulevé qu’ il existait « une certaine dichotomie entre les politiques locales et communautaire de jeunesse. (…) La notion de Citoyen Responsable, Actif, Critique et Solidaire ne fait pas partie de l’ADN des politiques locales de jeunesse. » Cette analyse s’est confirmée lors de nos rencontres. En effet, la jeunesse est envisagée de manière transversale avec d’autres thématiques comme l’enseignement, le sport, le numérique ou encore l’emploi.Cette approche transversale est un levier essentiel pour mener une politique jeunesse efficace. Bien évidemment, les OJ apportent leur « expertise CRACS », mais des partenariats avec d’autres acteurs communaux permettraient de renforcer et de diversifier l’offre en matière de politique jeunesse. De cette transversalité naîtront des synergies entre différents secteurs et acteurs communaux profitables à l’ensemble des citoyens. Ces synergies doivent également se faire entre échevins ayant des compétences complémentaires comme l’enseignement, la petite enfance voire les CPAS.(3)
Développer une vraie accessibilité aux Organisations de Jeunesse
L’Observatoire de l’Enfance, de la Jeunesse et de l’Aide à la Jeunesse et le Laboratoire d’Anthropologie Prospective de l’UCL avaient déjà démontré que l’accessibilité des Organisations de Jeunesse serait l’un des grands défis auxquels notre secteur devra répondre dans les années à venir. Il existe une différence flagrante entre les communes urbaines, où l’offre des OJ est parfois pléthorique, et les communes rurales.Si les mouvements de jeunesse sont bien implantés sur l’ensemble du territoire de la Fédération Wallonie-Bruxelles, et ce même dans les communes rurales, force est de constater que les services de jeunesse ou les mouvements thématiques peinent à couvrir celles-ci.(4)À nouveau, comme de nombreux échevins nous l’ont souligné, c’est la transversalité qui permettra de répondre à ce défi notamment par des partenariats divers. Si nous plaidons pour que chaque OJ reconnue puisse bénéficier d’un mi-temps supplémentaire dédié à la décentralisation, il est nécessaire que les communes fassent également un effort pour attirer les OJ et leur permettre de développer des projets sur leur territoire. Cela peut passer bien évidemment par des subsides communaux, mais également par la mise à disposition d’infrastructures et de lieux de stockage pour les OJ ainsi qu’une meilleure communication vers leurs habitants.(5)
La jeunesse inorganisée
Dans de nombreuses communes naissent des projets portés par des jeunes qui ne sont pas investis dans les différentes OJ. Cette jeunesse, que l’on qualifie parfois d’inorganisée, est porteuse de projets novateurs et qui répondent bien souvent de manière pragmatique à des défis locaux. Plutôt que de vouloir encadrer cette jeunesse qui souhaite s’investir à l’échelon local, il importe de mettre à sa disposition les moyens de réaliser ses projets et de porter leurs voix et leurs revendications.(6)La commune, niveau de pouvoir le plus proche du citoyen, apparaît comme le bon niveau pour permettre à ces jeunes de s’exprimer.Cette expérience a renforcé notre conviction que les OJ ont un réel ancrage local bien que leur statut décrétal leur impose de couvrir trois zones géographiques.Il est fréquent, au même titre que les maisons de jeunes, des antennes d’OJ prennent pleinement part à la vie quotidienne d’une commune ou d’un quartier. Il importe d’encourager et de soutenir ces initiatives locales qui profitent aux premiers bénéficiaires d’une politique jeunesse ambitieuse et efficace : les jeunes.
Article issu du Libre² numéro 18.
1 L’une des revendications de notre fédération et de nos membres était d’ailleurs de favoriser la connaissance du secteur jeunesse auprès des pouvoirs locaux.
2 Chaque rencontre a fait l’objet d’une analyse préalable des déclarations de politique communale.
3 Depuis novembre 2014, ReForm travaille en partenariat avec le CPAS de Spa et réalise des ateliers de récupération pour jeunes adultes à la recherche d’un emploi. Un jeudi sur deux, les participants tentent de redonner une seconde vie à des objets abîmés ou passés de mode, à un moindre coût. Ainsi, ils prennent conscience qu’il n’y pas que le nouveau qui est beau.
4 Cela est d’autant plus flagrant en Province du Luxembourg.
5 Trois revendications également portées par nos membres lors de la dernière campagne communale.
6 Jeunes & Libres a plaidé pour la création de CCOJ à l’échelon communal et l’instauration de conseils de jeunes dans les différentes communes afin de toucher un public jeune le plus large possible et de faire converger les synergies.