La jeunesse au cœur de la crise
C’est le sujet brûlant du moment : la crise de la Covid a un impact négatif sur le moral de la population et plus particulièrement sur celui des jeunes.
Si la première vague a semé la panique chez certains jeunes – peur de contracter le virus, peur de le transmettre aux aînés, peur de mourir parfois -, la deuxième vague est encore plus alarmante. Les troubles psychologiques pour certains sont inquiétants, car ils ne voient plus de perspectives et n’arrivent plus à se projeter.
Selon une étude menée par l’UCLouvain et l’ULiège sur le bien-être et la motivation des élèves du secondaire, menée entre septembre et octobre 2020, la fréquence des émotions négatives (colère, stress, anxiété, tristesse …) a augmenté depuis le mois de juin.
Les observations sont multiples et s’accélèrent : fatigue, idées noires, épuisement psychologique, difficulté de concentration et décrochage scolaire sont autant de maux auxquels nos jeunes doivent faire face aujourd’hui.
De manière générale, l’éloignement social (enseignement à distance, suppression des activités sportives, culturelles et de bon nombre d’activités de jeunesse) est le facteur principal de ce mal-être. En effet, privés de lieux et de contacts sociaux, les jeunes rencontrent davantage de difficultés à forger leur identité, décompresser, tisser des liens, expérimenter leur réalité, etc.
Et pourtant, c’est bien tout cela qui permet à notre jeunesse de développer une citoyenneté responsable, active, critique et solidaire.
N’en déplaise à certains, les jeunes respectent bien les mesures sanitaires mises en place afin de préserver les plus fragiles en renonçant – pour un temps– à leur jeunesse. Mais, cette situation dure depuis presque un an maintenant, le « minimum » ne suffit plus. Les jeunes ont, eux aussi, besoin de se projeter, de renouer des liens primordiaux, de retrouver un équilibre … Bref, de vivre tout simplement.
Le Secteur Jeunesse au cœur de la crise
Les opérateurs du monde de la Jeunesse, eux aussi, constatent les effets que cette crise entraîne sur son secteur. En effet, le Secteur Jeunesse n’est pas épargné et l’impact des mesures actuelles sur les activités est retentissant.
Selon une étude menée par la Direction de la Recherche en collaboration notamment avec l’Observatoire des politiques culturelles de la Fédération Wallonie-Bruxelles, 56% des opérateurs de la Jeunesse estiment avoir subi une réduction significative de leurs activités depuis le mois de mars 2020. Dans une mesure plus large, c’est 94% des opérateurs culturels qui ont été forcés d’annuler toutes (ou une partie de) leurs activités.
Toujours selon cette étude, le télétravail est devenu la norme pour bon nombre d’acteurs du monde de la jeunesse. Celui-ci a été renforcé et concerne en moyenne 61% du personnel. Malgré tout, les relations ont été maintenues avec les travailleurs par rapport aux activités du service ou tout simplement pour garder le contact.
En ce qui concerne le volontariat, 85% des opérateurs culturels (tous domaines confondus) essayent de maintenir des relations avec leurs volontaires. Ce sont principalement les contacts informels, sans lien avec les évènements qui sont assurés puisqu’un grand nombre d’activités a été annulé.
Enfin, malgré la crise, Le Secteur Jeunesse se mobilise pour maintenir le lien avec son public : les jeunes. Ce n’est pas moins de 73% du Secteur Jeunesse qui a réorienté ses activités depuis le confinement. Les activités à distance, le relai de messages officiels ou simplement prendre des nouvelles sont autant d’actions menées par le secteur pour conserver le contact avec les jeunes. C’est donc principalement vers le numérique que beaucoup d’acteurs se sont dirigés.
Nos OJ ne laissent pas tomber les jeunes
Trouver les moyens de détecter et remédier à la souffrance que vivent les jeunes actuellement est une des missions principales des opérateurs de la jeunesse. Ils doivent trouver un équilibre pour garder le lien avec les jeunes.
Afin de se rendre compte de la réalité que vit le Secteur Jeunesse actuellement, nous avons questionné quelques-unes de nos OJ à ce sujet.
Antoine Dutry, secrétaire général de la FEL
Laura Gonzalez Schena, la coordinatrice des RYD
Olivier Crine, coordinateur général de ReForm
Antoine Dutry, secrétaire général de la FEL (Fédération des Étudiants Libéraux), explique que la crise a au moins le mérite de favoriser l’innovation et de pousser à se réinventer : » L’utilisation des outils numériques de communication s’est imposée dans nos pratiques internes de travail avec les jeunes, mais également pour nos activités. (….) Les jeunes sont friands du numérique, mais ils n’en demeurent pas moins fortement attachés aux rencontres en présentiel et à l’authenticité de ces moments. L’interaction sociale, c’est la base. (…) C’est en tout cas le sentiment que j’en ai, après plusieurs mois où notre travail, avec les jeunes, se fait majoritairement en ligne ».
Pour la FEL, aider leurs sections à s’adapter aux contraintes des protocoles sanitaires et relayer, auprès des pouvoirs publics, les éventuelles inquiétudes et interrogations de ses membres au sujet de l’impact de la crise sanitaire sur les étudiants sont des enjeux primordiaux.
Malgré le ralentissement des activités, l’OJ espère pouvoir présenter à ses responsables de sections locales le Kit Présidence « Presigo » créé spécifiquement pour eux, il y a plusieurs mois. D’autres projets sont également en cours, la FEL ne manque pas d’idées.
Elle reste tout autant attentive aux dossiers qui touchent directement les jeunes tels que la représentation étudiante, la réforme du décret Paysage, l’insécurité sur les campus, le financement de l’enseignement supérieur, etc.
Les Responsible Young Drivers (RYD) se sont également prêtés au jeu de ces questions-réponses et eux aussi ont des choses à dire.
Laura Gonzalez Schena, la coordinatrice des RYD nous explique l’importance de la communication pour maintenir le lien : » nous avons gardé les canaux de communication que nous utilisons habituellement à savoir les réseaux sociaux via des groupes fermés et les mails. Nous envoyons une newsletter trimestrielle afin de tenir nos jeunes informés de l’évolution de l’asbl. À chaque envoi de mail, quelques volontaires réagissent ».
Pour l’OJ, améliorer le contact avec les volontaires est un enjeu important. C’est dans cette optique que les RYD ont créé un site internet sur lequel toutes leurs activités seront reprises. Les volontaires auront la possibilité d’évaluer l’activité et de partager les photos via ce canal. L’OJ espère pouvoir expérimenter ce nouvel outil très prochainement.
La remobilisation des volontaires est également une mission très importante pour les RYD. En effet, habituellement, le recrutement de volontaires se fait lors du Rapatriement du Nouvel An, mais celui-ci n’a pas pu avoir lieu en 2020. Ils se sont donc consacrés à la mise en place d’un nouveau projet qui leur tient tout particulièrement à cœur. Ils se rendront, cet été (si les mesures le permettent), dans des festivals bruxellois afin de mettre l’accent sur la conduite sous influence. Il compte sur ce projet pour mobiliser de nouveaux volontaires et en (re)fidéliser d’autres.
Enfin, c’est au tour de l’ASBL ReForm de nous parler de leur expérience en cette période particulière.
Olivier Crine, coordinateur général de l’association, souligne l’importance d’apporter du soutien scolaire aux jeunes et de maintenir le contact : » Depuis le mois de mars, nous avons mis en place du soutien via des groupes WhatsApp et des vidéoconférences dans le cadre de nos écoles de devoirs. (…) En ce qui concerne notre action en matière d’éducation à la culture chez les jeunes, nous avons offert des représentations de théâtre aux jeunes participant à nos activités ; nous envisageons de poursuivre dans les semaines à venir cette offre qui a déjà remporté un vif succès. « .
Pour ReForm, une Organisation de Jeunesse permet aux jeunes de parler plus librement de leur ressenti, leurs doutes et leurs craintes en regard de la crise actuelle. À partir de ces échanges, l’OJ peut mettre en place des outils à destination des jeunes. Le bien-être est une priorité pour l’ASBL qui permet à ces animateurs de suivre des formations de manière régulière, et ce, afin d’accompagner les jeunes dans leurs difficultés.
Les nouveaux projets ne manquent pas au sein de l’association. La ligne directrice est la créativité collective des jeunes. Deux notions qui ont cruellement fait défaut ces derniers temps et qui sont au cœur du programme de ReForm qui souhaite mettre en place (dès que les mesures le permettront) une installation artistique regroupant de jeunes plasticiens sur le thème « comment ont-ils vécu la pandémie ? ».
C’est un fait établi, l’année 2020 a été une année très étrange pour tout le monde et le Secteur Jeunesse n’a pas fait exception. L’arrêt quasi total des activités a demandé de la part des opérateurs jeunesse une prise d’initiatives parfois originales pour se réinventer et soutenir les jeunes qui, aujourd’hui plus qu’hier, en ont tant besoin.
Pour retrouver l’intégralité des réponses données par nos OJ, c’est par ici.