
Le Chapitre VII du décret du 26 mars 2009 définit le rôle de la Commission Consultative des Organisations de Jeunesse (CCOJ).
Celle-ci a notamment pour rôle d’être consultée sur les enjeux liés aux Organisations de Jeunesse et à la jeunesse, d’émettre des avis d’initiative sur ces questions, mais également de se prononcer sur les demandes de reconnaissance en tant qu’Organisations de Jeunesse.
Le rôle décrétal conféré à la CCOJ nous semble assez bien défini par le décret. De même, l’arrêté précisant le ROI est assez clair sur le mode de fonctionnement de cette commission ainsi que de ses sous-commissions. Il nous semble qu’elle répond toujours à des besoins ou à des missions importantes pour les OJ. Néanmoins, dans la pratique, il est légitime de s’interroger sur le fonctionnement de celle-ci et dans une plus large mesure sur le rôle et les missions de ce que l’on qualifie de « représentation sectorielle ».
La CCOJ n’est plus réellement un lieu de débats. Celle-ci sert à valider des positions qui font largement consensus ou bien prises en amont. Dans l’ensemble, la CCOJ arrive à travailler au consensus sur des sujets très généralistes ou pour des demandes de moyens supplémentaires, mais les derniers mois ont montré une impossibilité à se mettre d’accord sur des positions de fond ambitieuses. C’est probablement à ce titre que les OJ estiment qu’il existe une forte concurrence au sein de la CCOJ et que celle-ci ne défend pas toujours le secteur dans son ensemble.
D’un point de vue pratique, la CCOJ et la manière dont elle est actuellement organisée ne se prêtent plus aux débats de fond, notamment à cause du nombre trop élevé de mandataires au sein de cette commission.
Celles-ci font remonter au sein de la CCOJ très peu d’enjeux liés à leur objet. Néanmoins, le rapport de l’OEJAJ pointe le fait que les sous-commissions et leur travail sont mieux connus par les OJ que la CCOJ en elle-même.
Les mandats au sein de la CCOJ sont conférés aux fédérations d’OJ. Ce sont d’ailleurs elles, par essence, qui participent le plus largement aux débats. La difficulté à assurer le suivi des différents mandats a été maintes fois soulevée. Il existe d’ailleurs une foule de mandats qui découlent de la CCOJ. Rien que pour les Organisations de Jeunesse, la CCOJ est elle-même composée de six sous-commissions (deux ne fonctionnant plus) ainsi que deux GT permanents. Le rapport de la CCOJ 2016 dénombre ainsi plus de 150 mandats et/ou mandataires différents, qu’il s’agisse de mandats effectifs, suppléants, personnels, de mandats attribués aux OJ ou encore de mandats découlant de la CCOJ elle-même. Rappelons qu’il existe 100 OJ reconnues en Fédération Wallonie-Bruxelles et que la CCOJ compte 21 membres effectifs et suppléants issus des Organisations de Jeunesse. À titre de comparaison, le secteur de l’Education permanente possède un Conseil supérieur institué par décret dont les missions sont sensiblement les mêmes que celles de la CCOJ. 28 membres effectifs et suppléants y siègent, représentant ainsi quelque 280 asbl reconnues en tant qu’organisations d’éducation permanente. In fine, nous posons la question de réduire le nombre d’organes de représentation sectorielle et de limiter le nombre de mandats par personne.
Il existe une vraie difficulté de la CCOJ à communiquer, tant d’un point de vue intra qu’extrasectoriel sur son activité. Le rapport de l’OEJAJ pointe que « les modalités de fonctionnement, mais également la plupart des missions de la CCOJ semblent rester relativement trop peu, ou mal connues des équipes en OJ. » Les OJ ont le sentiment que les préoccupations de la CCOJ sont trop éloignées de leurs préoccupations de terrain. Il serait intéressant de se demander comment faire en sorte que certaines OJ qui ne participent traditionnellement pas aux débats sectoriels puissent y prendre part. Néanmoins plusieurs OJ pointent le manque de temps pour s’impliquer davantage dans ces débats sectoriels. Cela revient à se demander comment faire remonter efficacement les enjeux et les préoccupations des OJ. Enfin, si les interactions avec le monde politique (députés ou ministres) se sont sensiblement développées et améliorées durant la législature écoulée, ces dernières doivent être encore plus efficaces et constantes afin de pouvoir apporter des réponses concrètes aux préoccupations des OJ.
Il est bien évidemment nécessaire d’avoir une commission d’avis telle que la CCOJ pour défendre les intérêts du secteur et permettre d’interagir directement avec le pouvoir exécutif. De même, les différentes structures afférentes répondent, ou ont répondu, à un besoin, mais la question du décumul nous interroge sur la manière dont nous souhaitons représenter au mieux les acteurs de terrain.
Repenser le nombre d’organes représentatifs et leurs missions est primordial et devrait pouvoir amener à redéfinir clairement le rôle que doit jouer la représentation sectorielle qui, au-delà des questions du nombre de mandats, de mandataires ou de structures existantes, se pose inévitablement. Quels rôles donner aux organes consultatifs ? Ont-ils pour vocation de s’emparer de sujets de société ? Doivent-ils communiquer à destination du grand public ? Les organes d’avis ne doivent-ils traiter que de dossiers techniques ou financiers ? Toutes ces questions restent bien souvent en suspens et doivent, à n’en pas douter, faire l’objet d’une réflexion et d’une réponse législative.