• Passer à la navigation principale
  • Passer au contenu principal

Jeunes et Libres

La Fédération des OJ libérales

  • Covid-19
  • Qui sommes-nous ?
  • Actualités
  • Zone de téléchargement
  • Nos publications
  • #3383 (pas de titre)
  • Formulaire demande graphique

Enseignement

De l’importance des Organisations de Jeunesse dans le monde de l’enseignement

28 octobre 2020 by jetl

Ce n’est plus un secret pour personne, la crise sanitaire actuelle n’épargne aucun secteur. Si certains pensaient en avoir fini avec les mesures restrictives, il n’en est rien. Celles-ci s’intensifient à nouveau depuis quelques semaines et laissent de moins en moins de possibilités aux établissements scolaires : activités réduites voire supprimées, circulaires tardives, manque de moyens et surtout, manque de temps.

Et pourtant, le constat est sans appel : il va falloir s’adapter et vite.

Une annonce tardive

L’annonce est tombée ce dimanche soir : tous les cours en présentiel sont suspendus pour les élèves du secondaire à partir de ce mercredi 28 octobre et ce, jusqu’au vendredi 30 octobre inclus.

Il s’agit bien d’une suspension de la présence physique à l’école pour les élèves durant ces trois jours.

Il est demandé aux équipes éducatives de tout mettre en œuvre pour proposer des travaux et un enseignement à distance pour les élèves durant cette période, sous forme numérique ou par toute autre modalité jugée pertinente.

Si certains hésitaient encore, l’éducation aux médias et au numérique sont désormais des incontournables. Les enseignants et les élèves doivent impérativement s’armer pour faire face à cet enseignement hybride.

L’éducation aux médias et au numérique, pour quoi faire ?

La révolution numérique et médiatique de ces dernières années nécessite des enseignants et des élèves en harmonie avec cette évolution. D’une part, les enseignants doivent pouvoir créer du contenu et l’enseigner à distance. D’autre part, les élèves doivent pouvoir utiliser à bon escient les outils proposés par leurs enseignants. Le but étant que les jeunes puissent suivre les cours en toute sécurité et que les adultes puissent enseigner en toute quiétude, aussi efficacement que s’ils étaient dans leur classe.

Cependant, nous ne l’avons que trop bien constaté ces derniers mois, les enseignants sont peu ou mal formés, les établissements scolaires mal équipés et les jeunes n’ont pas toujours accès à cet univers digital pour des raisons diverses et variées et/ou l’appréhendent de manière inadéquate.

La communication entre les uns et les autres a parfois été difficile ces derniers mois tant tous ces changements paraissaient insurmontables et le sont encore face à cette annonce récente.

En effet, certains craignent que le fossé ne se creuse encore un peu plus et devienne impossible à traverser.

Seuls face à cette (r)évolution ?

Cette fracture au niveau de l’éducation formelle est d’autant plus importante que des ponts sont indispensables à construire pour relier les deux parties du fossé. Les Organisations de Jeunesse font notamment partie de ces partenaires extérieurs, nécessaires pour compléter l’éducation formelle.

Toutefois, le lien école et Organisations de Jeunesse est encore ténu. Pourtant, ces dernières sont des collaborateurs primordiaux qui aident à pallier les difficultés rencontrées par les enseignants. D’ailleurs, le site web oj.be est une mine d’or pour les enseignants qui souhaitent élargir leur champ d’actions. L’éducation non-formelle est là pour aider l’enseignant dans sa démarche en amenant d’autres outils que ceux dispensés par l’éducation formelle. Les OJ offrent une approche différente mais complémentaire que celle proposée dans l’enseignement.

En effet, de nombreuses OJ proposent des activités à destination des élèves – de tous âges – ludiques, créatives et centrées sur les intérêts des jeunes.

Des modules d’éducation aux médias sont d’ailleurs proposés dans de nombreuses OJ. Ces modules permettent aux élèves, d’utiliser à bon escient les réseaux sociaux et les plateformes numériques mises à leur disposition. Une utilisation responsable, active, critique et solidaire.

Alors que les nouvelles mesures dans l’enseignement arrivent inopinément, ces quatre mots prennent encore plus d’importance dans le contexte actuel.

Ces dernières semaines, l’éducation aux médias a été au cœur des préoccupations de Jeunes & Libres et de ses associations. En effet, cette thématique sera au centre du prochain numéro de notre magazine Libre² qui sortira très prochainement.

Classé sous :Actualité Balisé avec :Enseignement, Fédération des Organisations de Jeunesse libérales, Fédération Wallonie-Bruxelles, Jeunes & Libres, Jeunes et Libres, Jeunesse, Organisation de Jeunesse

Le site oj.be permet désormais de toucher les enseignants.

13 août 2019 by jetl

Pour ce faire, les Organisations de Jeunesse sont invitées à compléter ici dans la nouvelle section disponibles sur le site internet leurs activités à destination du monde scolaire.

Une question ? Contactez-nous via info@jeunesetlibres ou à l’adresse moderation@organisationsdejeunesse.be

Classé sous :Actualité Balisé avec :Ecole, Enseignement, Fédération des Organisations de Jeunesse libérales, Jeunes et Libres, Jeunesse, Organisation de Jeunesse, Organisations de Jeunesse

Les langues régionales, un patrimoine citoyen

28 mars 2018 by jetl

Le 1er mars 2018, les premières conventions de labellisation « Ma commune dit oui aux langues régionales » ont été signées par Alda Greoli, Ministre de la Culture, et dix communes concernées (Blegny, Charleroi, Durbuy, Gerpinnes, Gesves, Huy, Liège, Malmedy, Namur, Sivry-Rance). Ce projet a notamment pour objectif de constituer un réseau de communes qui s’engagent à mettre en valeur des langues régionales pratiquées sur leur territoire et à mettre en œuvre des actions en leur faveur. L’ambition globale de ce projet est de revaloriser et de revivifier les langues régionales au sein des communes wallonnes afin de faire perdurer un patrimoine commun.

L’histoire linguistique de notre pays est intrinsèquement liée à son histoire politique. Si la Belgique compte aujourd’hui trois langues officielles (le néerlandais, le français et l’allemand), en 1830, aucune de ces trois langues n’était la langue pratiquée par la majorité de la population qui échangeait en majorité au travers de langues régionales. Ces dialectes ont progressivement reculé au profit du français dans le Sud du pays et à Bruxelles et du néerlandais au Nord du pays.

Aujourd’hui, la politique linguistique relève des compétences communautaires. En 1990, à travers son Décret relatif aux langues régionales endogènes de la Communauté française, cette dernière reconnaît plusieurs langues comme des « langues régionales endogènes », tout en conservant le français comme langue officielle. Le postulat de base de ce décret est simple : si le français est la langue officielle, des parlers vernaculaires endogènes (le picard, le wallon, le luxembourgeois, le champenois, le lorrain) sont toujours pratiqués dans de nombreux lieux, ce qui aboutit à une situation de diglossie particulière. Ce décret institue donc ces dialectes comme patrimoine « non physique » en Communauté française. Ce statut n’a toutefois pas eu de réel impact sur la politique linguistique : il n’existe par exemple toujours aucun apprentissage de ces langues organisé par la Communauté française, bien que SPIROUS-R.A.P. répertorie les activités et publications en langue régionale à destination de la jeunesse.

C’est en ce sens que ReForm affirmait dans le neuvième numéro de notre Libre² que « malgré ce contexte défavorable à la survie de notre langue régionale, des mesures volontaristes peuvent redresser la barre. Dans l’attente d’initiatives politiques assorties de moyens financiers en faveur de l’enseignement, à nous, Organisations de Jeunesse, d’innover et de lancer des projets en ce sens ! »

Découvrons avec l’antenne namuroise de ReForm et Anne-Sophie Mirgaux le projet « Causans walon avou nos èfants ! »

Comment est né le projet intergénérationnel à l’école d’Oret ?

Avec l’équipe de ReForm Namur, nous nous sommes rendus dans l’école pour des animations. En discutant avec les instituteurs, nous avons constaté que nous avions une envie commune d’initier le wallon et la culture wallonne aux enfants. Certaines activités ponctuelles avaient déjà été réalisées en wallon, comme le poème de fête des mères ou des comptines. L’engouement des élèves pour la langue régionale était assez clair : le projet est donc né tout naturellement. Nous voulions que le wallon soit transmis par des ‘native speakers’ – dans ce cas, les papys et les mamys de la région – et que cela se fasse de la manière la plus naturelle possible : avec des ateliers de cuisine, de danse, de chant,… selon les affinités des intervenants. 

Quel est le public visé et l’impact attendu de ce projet ?

Nous avons clairement visé les enfants, tout d’abord car ce sont eux qui peuvent endiguer la disparition de ces langues régionales en continuant à les utiliser et à les transmettre. Mais leurs parents ont également été interpellés : ils ont redécouvert cette culture qu’ils avaient délaissée et le projet leur a donné envie de donner à nouveau une place à cette langue qu’ils n’utilisaient plus. Après le spectacle des enfants, nous avons vraiment assisté à un échange entre les parents et les proches qui se souvenaient de leur enfance, des expressions wallonnes, des traditions,… Le public était ravi de se replonger dans cette ambiance régionale traditionnelle. 

Que pensez-vous du projet « Ma commune dit oui aux langues régionales ? »

C’est bien sûr une excellente idée… et j’ai envie de dire qu’il était temps ! Les spécialistes s’accordent pour dire que les langues régionales sont en voie de disparition et que les initiatives pour les promouvoir sont trop rares. Ce projet va donner aux autorités locales l’envie de développer plus d’activités culturelles dans ce sens. 

En quoi l’apprentissage des langues régionales favorise le développement de la citoyenneté auprès des jeunes ?

L’apprentissage de la langue régionale relie naturellement les jeunes aux générations précédentes et les aide à faire partie de la société locale. Il est bien connu que le folklore rassemble les gens… or il n’y a qu’un pas entre le folklore et la langue régionale. De ce fait, les jeunes se sentent  reliés aux coutumes locales et ont donc tendance à respecter les valeurs qui y sont associées.


Classé sous :Actualité Balisé avec :Enseignement, Fédération Wallonie-Bruxelles, Jeunes et Libres, Jeunesse, langues régionales, Libr'Actu, Organisations de Jeunesse, patrimoine citoyen, ReForm, Wallon

Le Décret inscription : stop ou encore ?

29 septembre 2017 by jetl

La rentrée scolaire est toujours l’occasion de réfléchir au fonctionnement et au rôle de l’école dans notre société. C’est dans ce cadre que, fin août dernier, le Futuromètre 2017 a cherché à sonder l’opinion à propos de l’enseignement en Fédération Wallonie-Bruxelles (FWB). Selon ses résultats, la majorité des parents s’estiment insatisfaits du niveau scolaire et veulent que l’école soit plus en adéquation avec la société actuelle. Ce constat est aussi présent chez les étudiants eux-mêmes : selon les résultats de la vaste enquête de Génération Quoi ?, les jeunes portent un regard très critique sur l’école. Ils la jugent peu méritocratique et peu égalitaire. Ainsi, 63% des sondés (âgés de 18 à 34 ans) estiment moyennement ou fortement que le système éducatif ne donne pas ses chances à tous.

Peu importe l’âge des sondés, ceux-ci sont donc en accord sur un point : l’école ne répond plus à leurs attentes et à celles de la société. Malgré un financement plus qu’important par rapport à ses voisins, la FWB ne parvient pas à construire une école novatrice, porteuse de sens et permettant un accès efficace aux études supérieures ou au marché de l’emploi.

Ces difficultés ont pour principale source l’instabilité politique. Depuis 1997 et le Décret Missions, l’enseignement a subi de nombreuses réformes à la pertinence régulièrement remise en cause par les professionnels de l’Enseignement. Il faudra attendre 2016 et le Pacte pour un Enseignement d’Excellence (PPEE) pour que la FWB démontre sa volonté d’élaborer un projet basé sur le dialogue entre les différents acteurs de l’enseignement. De plus, le PPEE se donne une vision sur le long terme dans l’optique d’offrir un enseignement stable, efficace et équitable pour les générations futures.

À l’inverse, un bon exemple d’inefficacité législative est le décret « inscription ». Régulièrement critiqué tant par le monde politique que par les acteurs de l’enseignement, il a des conséquences directes sur la rentrée de milliers d’élèves et a fait son retour sur le devant de la scène médiatique suite à la crise politique en FWB et les négociations les entourant. C’est dès lors l’occasion d’effectuer un bilan de ce fameux décret : dans quel contexte et avec quels objectifs a-t-il été créé puis modifié et quel impact a-t-il eu pour les élèves et leurs parents ? Comment nos voisins se sont-ils organisés et quelles leçons peut-on en tirer ? Quel avenir pour ce décret voulant lutter contre le manque de place et favoriser la mixité sociale ?

© Samuel

Retour en arrière
Septembre 2007 : « décret Arena » et Contrat pour l’école

Le premier décret inscription est voté sous l’impulsion de Marie Arena, ministre PS de l’Enseignement obligatoire. Il a pour fondement le Contrat pour l’école, vaste projet comportant 10 priorités, dont notamment porter 100% des jeunes de 14 ans au Certificat d’Études de base, conduire 85% des jeunes de 20 ans au certificat de qualification ou d’enseignement secondaire supérieur, ou encore lutter contre les écoles ghettos. Le décret vise à rendre « les inscriptions de tous les élèves en Communauté française plus justes et plus transparentes, tout en garantissant à tous les parents une vraie liberté dans le choix de l’école de leurs enfants comme le prévoit la Constitution belge. »Dans les grandes lignes, ce texte met en place le principe de « premier arrivé, premier servi », un adossement temporaire entre écoles primaires et secondaires, peu de changements d’école possibles pendant les différents cycles, des priorités au sein des fratries et pour les élèves ayant suivi un enseignement primaire en immersion. Sa principale critique repose sur les files qu’il a engendrées devant les écoles durant les heures précédant les inscriptions. Marie Arena n’aura pas le temps de modifier ce texte puisque c’est Christian Dupont (PS) qui, à la suite d’un remaniement ministériel, la remplace dès mars 2008.

Juillet 2008 : décret mixité

Le décret Mixité sociale, voté le 18 juillet 2008, tente d’en finir avec ces files d’attente. Il poursuit des objectifs plus précis en permettant à chaque parent d’inscrire librement son enfant dans l’école secondaire de son choix, tout en garantissant la transparence tout au long du processus. À cet objectif pragmatique s’ajoute une dimension plus idéologique puisque le décret se fixe également pour finalité de renforcer la mixité sociale dans les écoles de tous les réseaux et de limiter les concentrations d’élèves en difficulté ou en situation moins favorisée au sein des mêmes établissements scolaires.

Mais de nombreuses critiques s’élèvent contre ce décret, notamment à cause de la complexité à mettre en œuvre les nombreux principes qui régulent désormais les inscriptions. Afin de résoudre le problème des files d’attente devant les écoles, le décret ouvre en effet la possibilité, pour les directions, d’établir des critères spécifiques en vue d’effectuer un tirage au sort qui permettra de classer les demandes d’inscriptions si elles sont excédentaires, tout en imposant des quotas d’élèves issus de la commune de l’établissement et d’écoles défavorisées, et en maintenant tous les autres principes du « décret Arena ».

Mars 2009 : création de la CIRI

Devant les difficultés de mise en place de ce décret, surnommé de manière péjorative « décret lotto », Christian Dupont reverra sa copie et un nouveau décret est voté le 24 mars 2009. Il apporte deux remèdes au décret précédent : la création d’un organisme désormais chargé de gérer au cas par cas les élèves sans école, la Commission inter-réseaux des inscriptions (CIRI), et la possibilité, pour les écoles qui le souhaitent, d’ouvrir une place supplémentaire par classe. De nombreuses associations réclament cependant des propositions supplémentaires pour préserver le libre choix de l’école tout en favorisant la mixité sociale.

Février 2010 : un Formulaire Unique d’Inscription par élève

En juillet 2009, Marie-Dominique Simonet (cdH), nouvelle ministre en charge de l’Enseignement obligatoire, réforme le décret inscription à la demande du gouvernement qui souhaite faire table rase du passé et repartir d’un dialogue avec les acteurs concernés.


Le nouveau décret, voté en février 2010, modifie la procédure d’application dans le but d’apporter plus de transparence et d’équité dans le processus d’inscription mais aussi de lutter contre l’échec scolaire et la relégation en soutenant la mixité.


Comme l’explique le site de la Ligue de l’Enseignement, « chaque élève reçoit un formulaire unique d’inscription (FUI) qu’il dépose dans l’école secondaire de son premier choix. Si l’établissement reçoit des demandes inférieures à l’offre, l’élève est inscrit. Par contre, si l’établissement reçoit plus de 80% de demandes par rapport au nombre d’élèves qu’il peut accueillir, il transmet les formulaires à la CIRI qui se chargera de départager les élèves en fonction de critères et d’élèves prioritaires. »

Ce décret a fait l’objet de plusieurs critiques. Il est tout d’abord considéré comme très lourd en termes de charge de travail par les directions qui doivent intervenir à de nombreuses étapes du processus, qui sont chargées de tenir et de mettre à jour des listes d’attente et qui sont parfois forcées d’accepter des élèves supplémentaires quelques jours avant la rentrée. De plus, la presse a dévoilé que des parents pratiquaient des stratégies de contournement des contraintes (domiciliations, compositions familiales ou inscriptions fictives en internat) et que certaines directions tentaient de décourager les enfants issus de milieux défavorisés de s’inscrire dans leur établissement. Enfin, le nouveau décret n’a toujours pas résolu le problème d’enfants sans école à la veille de la rentrée, véritable marronnier de l’actualité – voir plus bas.

Sur base de recommandations de la CIRI, qui voit son rôle grandir, le décret est de nouveau remanié en février 2011 : le parlement de la Fédération approuve plusieurs simplifications du texte.Août 2013 : fin de l’adossement remplacé par des partenariats pédagogiques
En août 2013, c’est Marie-Martine Schyns (cdH) qui devient la nouvelle ministre en charge de l’Enseignement obligatoire. En novembre de la même année, elle supprime le système de l’adossement automatique entre écoles primaires et secondaires et les remplace par des partenariats pédagogiques entre écoles. En 2014, la nouvelle ministre de l’Enseignement obligatoire Joëlle Milquet (cdH) lance des consultations afin de réviser le décret une fois de plus mais les travaux de son cabinet seront interrompus par un remaniement puisque Marie-Martine Schyns redevient ministre en avril 2016.

Quel bilan pour les décrets « inscription » ?

Le décret n’a plus été modifié depuis août 2013. Si ses effets sur la mixité sont difficilement mesurables, ceux sur les inscriptions dans les zones problématiques peuvent aisément être quantifiés et observés. La CIRI possède en effet une politique très transparente et publie régulièrement depuis 2010 des données à propos du nombre d’élèves en attente d’inscription dans leur future école secondaire. Ces chiffres sont notamment rendus publics à l’issue de la première période d’inscriptions (début avril), puis après tout le travail de la commission (mi-août). 

Si les données sont fluctuantes, la tendance générale est identique en avril et en août : le nombre de cas problématiques augmente lentement mais sûrement. Toutefois, si la confrontation de ces deux volets de données permet de conclure que le nombre de situations problématiques augmente, il montre également que la CIRI travaille de manière efficace afin de les résoudre. La ventilation par région nous indique quant à elle que le manque de place dans les écoles concerne presque exclusivement Bruxelles et le Brabant wallon. Enfin, une dernière réalité importante à prendre en compte est le caractère extrêmement marginal de ces cas problématiques : que 227 ou 430 élèves soient en attente d’inscription en août, ils ne représentent jamais plus d’1% du total des nouveaux inscrits en secondaire.

Et chez nos voisins ?Chaque pays d’Europe possède son propre système d’inscriptions dans les écoles secondaires. Un rapide tour d’horizon de l’organisation chez nos voisins immédiats peut nous permettre de mieux comprendre la spécificité des différentes versions du décret s’appliquant en FWB.

En France, la carte scolaire, mise en place en 1963, alloue une école à chaque élève sur base de critères géographiques et limite strictement les possibilités de dérogation. Progressivement, certains parents ont commencé à la contourner via une fausse domiciliation ou une justification fondée sur un choix d’option rarement offert, voire par un recours au privé. Après plusieurs tentatives de réforme sans lendemain, en 2007-2008, un assouplissement s’opère afin de répondre aux critiques mettant en avant le fait qu’une assignation sur base de critères géographiques condamne les enfants de quartiers défavorisés à ne jamais sortir de leur milieu. Malgré des résultats mitigés et des critiques récurrentes, cet assouplissement perdure toujours aujourd’hui.

En Flandre, afin de répondre à la problématique de maîtrise de la langue néerlandaise, le décret Gelijke onderwijskansen (GOK) ou Égalité dans chances d’enseignement (2002) crée un profil d’élèves à indice socio-économique faible. Ceux-ci deviennent prioritaires : le décret impose un taux de présence de ce profil dans tous les établissements et alloue des moyens supplémentaires à ceux qui en accueillent une forte proportion, afin de permettre un encadrement différencié. Il crée aussi des structures de communication et de partenariat entre les différents acteurs encadrant ces élèves (Lokaal Overlegplatform).

De manière moins spécifique à cette problématique d’égalité des chances, le décret GOK a fixé un calendrier commun d’inscriptions en secondaire. Mais, en dehors de cette uniformisation, il n’existe toujours aucune modalité homogène d’inscription en Communauté flamande : à tous les niveaux d’enseignement, chaque établissement est totalement libre de choisir son propre système. Toutefois, pour les villes de 

Bruxelles, Gand et Anvers, le gouvernement a imposé la mise en place d’un système centralisé afin de répondre aux demandes d’inscriptions croissantes, et ce dès la maternelle.

Mais, afin de fournir une réponse spécifique à chaque situation, chaque commune a la liberté de s’organiser comme elle l’entend, ce qui peut aussi avoir des conséquences défavorables pour les élèves : à Gand, où la commune autorise certaines écoles à pratiquer le principe de « premier arrivé, premier servi », il n’est pas rare de voir des parents d’élèves camper durant plusieurs jours devant des écoles – un phénomène qui n’est pas sans rappeler les files conséquentes au décret de Marie Arena – ou adopter la stratégie de l’inscription multiple, qui a quant à elle des ressemblances avec la technique utilisée par de nombreux parents à la suite du décret « mixité sociale ».

On le constate : chaque système possède ses avantages et ses inconvénients. Tandis qu’en France, comme à chaque rentrée, la question de la carte scolaire fait débat dans la presse, le gouvernement flamand travaille sur un nouveau projet de décret afin de lutter contre les dysfonctionnements du système actuel.

Conclusion

Tous les acteurs de l’enseignement et les responsables politiques proclament leur volonté de résoudre le problème de l’absence de places dans certaines écoles tout en renforçant la mixité sociale. Les dysfonctionnements récurrents et les réformes incessantes indiquent toutefois que, en FWB, la solution-miracle est loin d’avoir été trouvée. Quelles pistes de solution peut-on formuler à la suite de ce parcours ?

1. Résoudre le problème de manque de places… en créant des places

En régulant le processus d’inscription, les décrets successifs ont répondu à la question de manque de places dans certaines écoles en traitant les symptômes sans résoudre le nœud du problème. La création de places supplémentaires résoudrait la question de manière plus efficace et pérenne. Une collaboration plus concrète entre les différents réseaux d’enseignement de la Fédération permettrait peut-être de vaincre le manque de moyens et la complexité d’accomplissement d’un tel projet.

L’école secondaire « Plurielle Maritime », qui vient d’ouvrir ses portes, est une pionnière en la matière : grâce à la collaboration entre le réseau communal et provincial (CPEONS), l’officiel (FWB) et le libre non-confessionnel (ici représenté par l’ULB), 125 élèves ont pu être inscrits dans cet établissement de Molenbeek, où ils bénéficieront d’une pédagogie active grâce à une collaboration avec l’ULB et l’ASBL « L’École ensemble ».

2. Deux problèmes = deux solutions

Le décret inscription a été modifié à un rythme tellement effréné qu’on peut s’interroger à propos de ses objectifs réels ainsi que de l’aspect électoraliste de ces réformes. Il faut se remémorer que la mixité sociale et le manque de places sont deux problèmes différents. Contrairement au premier, le second, ainsi que les dysfonctionnements des décrets successifs (enfants sans inscription, demandes de dérogation, files d’attente, etc.) surgissent presque exclusivement dans les grandes villes. On est dès lors en droit de s’interroger à propos de la pertinence d’un décret répondant à deux problèmes par une procédure identique pour l’ensemble du territoire, en ce compris les nombreuses zones où le nombre de demandes n’a jamais excédé l’offre scolaire.

L’esprit du PPEE, qui associe centralisation pour les grandes directions idéologiques et autonomie des directions dans l’application locale,  conduirait au contraire à une structure hybride, telle celle appliquée en Flandre: des dispositions générales à propos de la mixité et du calendrier mais une autonomie pour les établissements afin d’adopter une procédure d’inscriptions répondant aux spécificités de la situation. Cela allégerait considérablement la procédure administrative : puisque la très grande majorité des établissements en seraient exemptés, l’administration générale de l’enseignement pourrait travailler avec une efficacité redoublée, tandis que chaque direction s’organiserait en fonction des besoins de son public et des moyens de son établissement, qu’elle connaît mieux que quiconque. Qui peut nier que la FWB a tout à gagner en privilégiant la liberté et la simplicité ?

3. Une vision à long terme et un réel dialogue

Proclamant sa volonté de faire table rase du passé et de reconstruire un décret grâce à un dialogue avec les différents acteurs de l’enseignement, le gouvernement dont était issue Marie-Dominique Simonet a fait l’aveu implicite que les trois premières versions ont été élaborées sans une concertation digne de ce nom. À ce problème s’ajoute celui, encore plus récurrent, de l’instabilité généralisée. L’école ne mérite-t-elle pas mieux que cette accumulation de tâtonnements et qu’un décret retoqué à chaque remaniement ministériel ? Le PPEE a prouvé que la FWB était capable de construire un projet grâce à un dialogue ambitieux et de le concevoir sur le très long terme afin d’immuniser l’apprentissage des générations futures des changements de majorité.

Par ailleurs, puisque le groupe central du PPEE s’est positionné à propos de toute une série de réformes formant un vaste chantier dont l’équilibre dépend du respect du maintien de toutes ces mesures en un tout cohérent, on peut déplorer qu’il n’intègre pas la problématique du décret inscription dans une réflexion globale. Pareillement, les réformes des titres et fonctions et de la formation initiale des enseignants ont été pensées par des acteurs différents, sans aucun lien avec le travail du groupe central. Il semble évident qu’une vision globale et à long terme de l’Enseignement est ce qui manque le plus cruellement aux réformes successives. Et c’est toute notre société qui en pâtit.

4. Et les Organisations de Jeunesse ?

Le Secteur Jeunesse pourrait constituer une réponse partielle à cette problématique, d’autant plus que le rôle des Organisations de Jeunesse au sein du PPEE reste flou : elles n’y sont pas mentionnées mais, pourtant, Marie-Martine Schyns les considère comme parties intégrantes au sein de ce Pacte.

Cette réponse de la Ministre est encourageante pour le Secteur Jeunesse. Sachant que le PPEE se dirige vers un enseignement se basant sur le développement personnel, la motivation intrinsèque et la citoyenneté, le secteur de la jeunesse devrait devenir un des acteurs incontournables.

Pour en savoir plus :

Le décret inscription en FWB : historique synthétique (https://ligue-enseignement.be/ressources/legislation/les-decrets-inscription/chronologie-selective-des-decrets-inscription/) et détaillée (https://ligue-enseignement.be/ressources/legislation/les-decrets-inscription/)Le portail de l’enseignement en Communauté flamande : http://onderwijs.vlaanderen.beLe site dédié à l’enseignement GOK en Communauté flamande : http://www.steunpuntgok.beLe portail de l’enseignement en Communauté germanophone : http://www.ostbelgienbildung.beLe portail de la carte scolaire française : http://www.education.gouv.fr/cid5509/le-fonctionnement-de-la-carte-scolaire.html 

Classé sous :Actualité Balisé avec :Décret inscription, Enseignement, Fédération des Organisations de Jeunesse libérales, Fédération Wallonie-Bruxelles, Jeunes et Libres, Jeunesse

Pacte dit « d’Excellence » : un pacte consensuel aux allures idéologiques

28 février 2017 by jetl

Depuis ce début d’année 2017, les associations de parents, les syndicats, les directeurs d’école et les enseignants se sont, à tour de rôle, exprimés au sujet du Pacte dit « d’Excellence ». Au fil des informations contradictoires et des contestations, que pouvons-nous en retirer de positif ?

À priori pas grand-chose ! Une réforme du monde de l’enseignement est pourtant plus que nécessaire pour que celui-ci soit enfin en phase avec l’ère numérique dans laquelle se trouve la société du XXIe siècle. Force est de constater que ce Pacte dit d’Excellence ne va pas dans le bon sens. Au lieu de permettre à l’école d’embrasser pleinement le XXIe siècle, celui-ci la scelle dans le passé.

En tant qu’acteurs du Secteur de la Jeunesse, les Organisations de Jeunesse ont, nous le pensons, toute la légitimité de faire partie intégrante de la réflexion autour du système éducatif. En dépit de cette constatation, les auteurs de ce Pacte n’ont pourtant pas tenu compte de l’importance du non formel, pilier pourtant indispensable au développement de la citoyenneté.

À la lecture de l’Avis N°3, véritable fondation du futur Pacte émis par le Groupe Central, et au même titre que la majorité des acteurs de l’enseignement, nous ne pouvons qu’avoir des réticences. Toutefois, une fois ce constat dressé, il est indispensable de dépasser les aspects négatifs et de proposer des pistes de réflexion. C’est dans cette optique que nous avons rédigé ce Libr’Actu.

Consultation des acteurs du monde de l’enseignement

La première pierre d’achoppement concerne la gestion des relations avec le corps enseignant au sens large. Bien que nous ne puissions qu’approuver la volonté de la Ministre de construire une réflexion avec son secteur, nous regrettons que ce ne fut pas le cas dans la pratique. Si les enseignants ont bien été consultés, leur vision de l’enseignement ne figure pas dans l’Avis N°3. Ils ont été cantonnés au rôle de spectateurs et non d’acteurs contrairement à ce qu’affirme la Ministre.

Les enseignants ont également dû faire face aux contraintes ubuesques de temps et d’agenda imposées par le Groupe Central, confondant vitesse et précipitation. Cette situation s’explique dans un premier temps par la problématique des relais via les représentants du monde scolaire et du contexte dans lequel vivent les enseignants. La méthode appliquée par le Groupe Central était, d’une part, la consultation des personnes disponibles à des heures fixées et, d’autre part, l’application de la technique de la contrepartie1. Cette méthodologie a entrainé de facto un sentiment d’incompréhension de la part du corps enseignant, sentiment renforcé par la présentation du Pacte au public comme étant l’avis de ce dernier.

De plus, malgré le refus de la base, le personnel éducatif reçoit, déjà, des formations explicatives au sujet de ce Pacte d’Excellence. On pourrait comprendre que ces formations soient données uniquement au personnel travaillant en maternelle pour respecter l’échéancier. Mais quel est l’intérêt de former le personnel du secondaire à ce sujet, si ce n’est accroître le sentiment que le texte est d’ores et déjà ficelé ? Est-ce là, toute la considération que la Ministre porte à un secteur qu’elle qualifie elle-même de spécialiste ?

Graph Dépenses publiques scolarité 2013
Graph Dépenses publiques scolarité 2013

Aspects budgétaires

Toujours dans cette volonté de fournir des clefs de compréhension à la société pour entrevoir les objectifs de sa réforme, le cabinet de la Ministre Schyns a signé un contrat avec une agence de communication pour un montant de 196000€. Ce budget a pour but la mise en place d’une communication bien rôdée, frôlant la propagande. Personne ne se retrouve dans ce Pacte dit d’excellence et l’état dans lequel il se trouve actuellement démontre toute l’inefficacité avec laquelle l’argent a été dépensé.
Allons un peu plus loin et attardons-nous sur la totalité de ce budget fonctionnant sur le principe de l’enveloppe fermée. Or, ce principe, déjà instauré par le Ministre de l’Enseignement supérieur est fortement décrié. Ce concept a déjà montré toutes ses limites ! Le budget alloué par année est fixe et ne varie plus en fonction du nombre d’étudiants. Conséquences ? Une diminution du financement par étudiant, une mise en concurrence des établissements, des infrastructures défectueuses et en nombre insuffisant, un manque de professeurs et de personnels administratifs. Comment rendre pérenne un enseignement de qualité, enfin d’excellence, si celui-ci ne peut pas recevoir le budget nécessaire ?
Tout comme ce Pacte dit d’Excellence, les projections budgétaires sont tout aussi incertaines. En effet ce budget s’apparente plus à des incantations qu’à des données effectives. Jusqu’en 2030, le Pacte d’Excellence budgétise pas moins de 300 millions d’euros en utilisant un principe nébuleux de vases communicants. À cet égard, la Ministre, suite aux concertations sociales, envisage la possibilité pour 2020 de dégager un budget progressif d’un montant total de 180 millions d’euros. Malheureusement, à l’heure actuelle, nous n’en sommes qu’à un effet d’annonce.


Découvrez ici un aperçu des prévisions budgétaires du Pacte d’Excellence

Un exemple, parmi d’autres : la fin du redoublement avec un bénéfice de 80 millions d’euros dont la moitié serait allouée à la lutte contre le redoublement et le décrochage scolaire. Ce simple exemple permet de se rendre compte de la légèreté des prévisions budgétaires sur lesquelles se base l’ensemble de la réforme proposée.


Contrairement à une opinion largement répandue, le secteur de l’enseignement n’est pas sous financé en Belgique. Bien au contraire ! Notre pays fait partie du peloton de tête des pays européens en matière de dépenses liées à l’éducation. Le problème provient donc bien d’une mauvaise gestion des fonds alloués et non pas d’un sous-financement chronique. Actuellement, la façon dont est présenté le budget ne présage malheureusement pas d’une meilleure gestion à l’avenir.

Avis N°3 du Groupe Central

« Au terme du tronc commun, chaque élève sera soumis à la même évaluation externe certificative portant sur les sept domaines d’apprentissage et donnant accès à l’enseignement secondaire supérieur. Il aura ensuite le choix entre deux filières : la filière de transition permettant d’accéder à l’enseignement supérieur et la filière qualifiante qui permettra d’acquérir une qualification suffisante pour accéder directement à un métier »

Égalité - Équité


Qualité de l’enseignement

Le Pacte d’Excellence semble profondément en contradiction avec ses objectifs initiaux. Pour que celui-ci soit en accord avec la société du XXIe siècle, il est primordial que l’enseignement soit équitable et non pas égalitaire. De notre point de vue, l’école n’a pas comme rôle premier de gommer les différences socio-économiques et socio-culturelles ni de façonner l’ensemble des élèves dans un modèle unique mais plutôt de tenir compte des spécificités de chacun afin d’amener chaque individu à réaliser son plein potentiel et à s’accomplir en tant qu’être humain.

Les mentalités sont en train d’évoluer, de plus en plus de jeunes envisagent l’entrepreneuriat comme un moyen de s’épanouir en tant que citoyen et façonnent ainsi la société à leur image.

À cet égard, il nous parait important de faire germer la soif d’entreprendre aux jeunes générations dès l’école secondaire. D’autant plus que l’entrepreneuriat n’a jamais été aussi accessible à l’heure du numérique. Sensibiliser les élèves à l’entrepreneuriat aurait donc tout son sens dans l’enseignement du XXIe siècle.

L’école doit encourager les jeunes à se lancer dans l’aventure entrepreneuriale comme le souligne le Traité de Lisbonne. L’introduction d’un cours à ce sujet permettrait à la fois aux étudiants et aux futurs entrepreneurs d’avoir pleinement conscience des processus liés au monde économique mais aussi de dépasser la peur du risque et de l’échec inhérente au développement de toute entreprise.

Le Pacte d’Excellence ne peut fonctionner qu’à condition d’y intégrer une réforme complète de la formation initiale des enseignants, tous niveaux confondus. Il est vrai que la majorité au gouvernement de la Fédération Wallonie-Bruxelles a proposé, dernièrement, d’allonger d’un an la formation des enseignants en Haute École. À nouveau, ce passage de 3 à 4 ans est une demi-mesure ayant pour unique objectif de montrer un semblant de bonne volonté et de s’aligner sur les normes européennes. Malheureusement, ce changement ne devrait apporter, sur le plan pédagogique, rien de plus que ce que n’offre la formation actuelle. Que ce soit en terme de durée ou de contenu, la formation des futurs enseignants doit être pensée sans dogme, ni tabou, et ne doit faire qu’un avec la réflexion autour du Pacte.

Avis N°3 du Groupe Central

« Au terme du tronc commun, chaque élève sera soumis à la même évaluation externe certificative portant sur les sept domaines d’apprentissage et donnant accès à l’enseignement secondaire supérieur. Il aura ensuite le choix entre deux filières : la filière de transition permettant d’accéder à l’enseignement supérieur et la filière qualifiante qui permettra d’acquérir une qualification suffisante pour accéder directement à un métier »D’entrée de jeu, évoquons ce fameux tronc commun. Concrètement, cette proposition signifierait la suppression de la certification des évaluations intermédiaires jusqu’à 15 ans (CEB, CE1D) et de la filière différenciée qui a pour but de remettre à niveau un élève en difficulté. À la sortie de ce tronc commun, l’élève sera évalué.Toutefois, les résultats obtenus lors de cette évaluation seront purement indicatifs ; l’élève aura ainsi tout le loisir de choisir entre une filière de transition ou qualifiante.

À contrario, la Flandre, toujours montrée en exemple dans les enquêtes internationales sur l’éducation, a fait le choix d’une orientation précoce, sans tronc commun. Croire que tous les élèves pourront poursuivre jusqu’à 15 ans un cursus identique relève donc plus de la posture idéologique que d’une réalité de terrain ou d’une pseudo volonté de voir nos élèves se distinguer.

Avis N°3 du Groupe Central

« De veiller à ce que la filière de transition, qui prépare à l’enseignement supérieur, demeure aussi ouverte que possible, en faisant en sorte qu’un ensemble très large de choix reste possible après l’enseignement secondaire, selon le principe du « libre accès » qui prévaut actuellement en matière de transition entre le secondaire et le supérieur en FWB.[…] Ce nouveau tronc commun devra permettre à tous les élèves d’atteindre un niveau élevé de savoirs diversifiés à la fin de la 3e année secondaire et de pouvoir choisir positivement et de façon éclairée l’orientation souhaitée, que ce soit celle de la transition vers le supérieur ou celle de la qualification vers un métier. »

Tronc commun
Tronc commun

Proposer deux filières peut sembler être théoriquement une bonne idée, mais la manière dont ces filières sont prévues dans le pacte nous laisse dubitatifs. Pour un Pacte qui promet de proposer un large éventail de choix « positifs », nous nous étonnons de voir l’instauration d’une filière « qualifiante » qui enfermera une partie non négligeable des élèves et scellera définitivement leur avenir, les privant ainsi de leurs choix et de leurs libertés.Par ailleurs, comme évoqué précédemment, les élèves ne redoubleront plus jusqu’à l’âge de 15 ans. Actuellement, cette pratique est appliquée uniquement entre la 1ère et la 2ème secondaire, mais provoque déjà un véritable désastre sur le terrain. La plupart des élèves, démunis par le système scolaire, seront orientés dans les filières techniques et professionnelles suite à une année où le système actuel ne leur permet pas de dépasser leurs difficultés. Nous le rappelons, le choix des filières techniques ou professionnelles se doit d’être positif.

Que fera-t-on alors des élèves ratant le Certificat du tronc commun ? Nous n’en savons pas plus mais nous nous attendons au pire.

Avis N°3 du Groupe Central

« On note que la question des élèves qui ne parviennent pas à obtenir le Certificat du Tronc Commun devra être approfondie dans le cadre de la mise en œuvre du Pacte »Axe culturel.

Néanmoins, relevons un aspect positif de ce Pacte, à savoir le souhait de faire entrer la culture au sens large au sein des établissements scolaires. Actuellement, l’art et la culture n’occupent qu’une place minoritaire, souvent basée sur la bonne volonté du corps professoral ainsi que de la direction. Cette ouverture culturelle est moins importante en Belgique que dans la plupart des pays développés. Nous ne pouvons donc que saluer cette volonté. Malheureusement, le Groupe Central n’entrevoit qu’une vision étroite de la culture, limitée aux arts. Nous déplorons l’absence du Secteur Jeunesse, acteur pourtant essentiel dans l’éducation non formelle. Actuellement, la Fédération Wallonie-Bruxelles confie des missions essentielles aux Organisations de Jeunesse dans la formation des citoyens de demain. Il est donc primordial de les associer également et que leurs relations avec les écoles ne se limitent plus à un partenariat mais soient institutionnalisées.

D’autant plus, qu’au sein même du Secteur Jeunesse de nombreuses réflexions sont portées sur les partenariats envisageables entre les Organisations de Jeunesses et les écoles notamment au travers d’un GT école ou encore le dossier ECOJ, ce dernier consistant en la création d’un catalogue recensant l’ensemble des activités proposées dans les écoles par les Organisations de Jeunesse.

Nous devons aussi souligner la volonté des Organisations de Jeunesse d’être partie prenante à ce processus. Celles-ci se voient comme un soutien non négligeable pour les étudiants en difficulté grâce à la mise en place d’écoles de devoirs ou de remédiation.En allant plus loin dans les propositions, l’insertion des Organisations de Jeunesse au sein de l’école pourrait avoir comme effet de lisser les différences socio-économiques des élèves. En effet, elles tendent à travailler avec un public le plus large possible, sans distinctions. Certaines Organisations de Jeunesse, comme les mouvements de jeunesse accompagnent les jeunes durant une période significative de leur vie, comparativement à l’école, favorisant ainsi le développement d’attitudes citoyennes et le vivre-ensemble.Enfin, la citoyenneté ne peut pas être cantonnée à une notion qui s’apprendrait sur les bancs de l’école, elle doit se pratiquer tous les jours et sur le terrain. Cette mission revient notamment aux Organisations de Jeunesse. Celles-ci sont capables de rendre certaines matières plus tangibles pour les élèves, en mettant en parallèle les cours dispensés et les problématiques actuelles qui les concernent, comme l’environnement. Il s’agit là d’une piste à prendre en considération pour limiter le décrochage scolaire.  

Conclusion

La Ministre et le Groupe Central se sont enfermés dans un timing étriqué, voulant faire du Pacte d’Excellence la figure de proue de la législature. Bien que pavé de bonnes intentions, force est de constater que celle-ci est en train de se transformer, une fois encore, en une tache indélébile sur un mandat pour le moins bien terne.

Que ce soit en termes de financement, de communication ou encore d’un point de vue pédagogique, tout semble avoir été improvisé, sans prendre en compte les préoccupations réelles des élèves, des parents et des enseignants. Tout cela, en limitant la réflexion à une posture idéologique hermétique à la critique et aux changements proposés par les différents intervenants du monde éducatif.

Au-delà de tous les constats précédents, ce qui manque cruellement à ce Pacte mais aussi à la politique menée actuellement par la Fédération Wallonie-Bruxelles, c’est une vision globale de notre société. La Ministre et son Groupe Central, incapables d’imaginer l’école comme partie intégrante de la société, considère le monde scolaire comme étanche à toutes les problématiques et défis rencontrés par les jeunes d’aujourd’hui.
La plupart des Organisations de Jeunesse souhaitent prendre une part active à la réflexion autour du système éducatif, s’inscrivant dans un projet de société, et se voir reconnaître leur rôle d’acteurs majeurs, au côté des acteurs de l’enseignement, dans le développement du jeune.Le Pacte dit d’Excellence se limite donc à une coquille vide, dont le but final devrait servir les intérêts électoraux de certains plutôt que la jeunesse. Nous ne pouvons pas balayer du revers de la main cette initiative, toutefois, cette gargantuesque réforme ne peut être tenue à des contraintes de temps, d’argent ou de plébiscite.

Article corédigé par :

  • Fleusus Renaud, Détaché pédagogique de Jeunes & Libres
  • Chapelain Hubert, Détaché pédagogique des Jeunes MR
  • Brassinne Pierre, Collaborateur politique des Jeunes MR
  • Laera Enza, Détaché pédagogique de la FEL

Classé sous :Actualité Balisé avec :Ecole, Enseignement, Fédération des Organisations de Jeunesse libérales, Fédération Wallonie-Bruxelles, Jeunes et Libres, Jeunesse

Copyright © 2021 · Jeunes & Libres

Nous utilisons des cookies pour vous garantir la meilleure expérience sur notre site web. Si vous continuez à utiliser ce site, nous supposerons que vous en êtes satisfait.Ok