Avec les années, Thom est devenu une figure incontournable du staff des Jeunes MR. Il était plus que temps que Jeunes & Libres vous présente cette figure de notre fédération.
Fédération des Organisations de Jeunesse libérales
Paus’ons nous, le nouveau format consacré au débat !
Après moult rebondissements, notre nouvelle série de vidéos “Paus’ons nous” est enfin sortie !
“Paus’ons nous”, c’est avant tout un nouveau format de vidéos, porté sur la réflexion, le débat, la découverte, en lien avec le travail de nos membres et plus généralement du secteur non-marchand. C’est un format plus long, plus travaillé, plus soigné et surtout plus “posé” pour apporter une touche libérale au débat d’idées.
Retrouvez dès ce vendredi 17 juin le premier épisode d’une série consacrée à un phénomène politique majeure de notre époque. Pour ce premier épisode, nous avons voulu mettre en avant le secteur de la Jeunesse, ce secteur au sein duquel Jeunes & Libres est actif. En 2019, quelques membres des Jeunes MR et de la Fédération des Étudiants Libéraux ont pris la plume dans notre dossier “Regards de jeunes libéraux sur le populisme” (lien hypertexte vers le dossier). Certains d’entre eux ont relevé le défi de passer devant la caméra pour exposer leur point de vue.
À vendredi prochain sur notre page Facebook et notre chaîne YouTube !
À la rencontre de Geneviève, coordinatrice de la régionale ReForm Hainaut
Au sein des associations de Jeunes & Libres, Geneviève est l’une des animatrices les plus expérimentées. Depuis 20 ans, elle a mené de nombreux projets par et pour les jeunes et c’est dans l’antenne régionale de son OJ, ReForm, à Silly qu’elle a reçu Jeunes & Libres pour une courte interview.
Le 23e Libre² est en ligne
Ce nouveau numéro de notre magazine s’intéresse à une nouvelle question ancrée dans notre époque, celle des rapports humains et plus particulièrement les relations affectives et sexuelles. Vous ne l’aurez peut-être pas encore deviné mais nous allons vous parler de l’éducation à la vie relationnelle, affective et sexuelle connue sous l’acronyme d’EVRAS.
L’EVRAS est devenue tellement importante qu’elle figure depuis 2012 dans le décret « Missions » de la Fédération Wallonie-Bruxelles fixant entre autres les missions prioritaires de l’enseignement obligatoire. Un an plus tard, l’EVRAS est généralisée et fait son entrée progressive au sein du secteur de la Jeunesse.
Nous avons la chance chez Jeunes & Libres de compter parmi nos membres des structures s’impliquant directement dans l’EVRAS et d’autres y travaillant de manière ponctuelle. Ces dernières vous présenteront leur travail, l’organisation de l’EVRAS en FWB, certains outils mis en place, l’EVRAS appliquée en haute école ou encore leurs réflexions sur l’utilité de l’EVRAS.
Nous espérons que vous aurez autant de plaisir à découvrir ce 23e numéro que nous en avons eu à l’élaborer.
Bonne lecture !
Historique de l’éducation à la sexualité
On parle de plus en plus d’éducation à la sexualité, mais finalement ça date de quand ?
L’histoire de l’éducation sexuelle
La sexualité a de tout temps fait l’objet de préoccupations morales, engendrant des discours normatifs qui varient selon le contexte social et culturel. Ce qu’on qualifie aujourd’hui communément d’« éducation sexuelle » n’est donc pas une nouveauté, il s’agit, cependant, d’une idée que l’on peut qualifier de contemporaine (Pereira, 2019 ; Di Spurio, 2018, 147). Nous allons au cours de cette courte introduction historique¹, voir de quelle manière cette idée a évolué pour devenir le concept que nous connaissons aujourd’hui.
L’histoire de l’éducation sexuelle en Europe du XVI au XX siècle
En Occident, le régime chrétien va influencer dès le Moyen Âge ce qui formera plus tard l’Europe (Wackenheim, 1991). La sexualité y a, de ce fait, longtemps été envisagée au prisme de cette moralité chrétienne, où le plaisir est perçu comme éloignant l’homme de la foi religieuse² (Smets, 2017). Par conséquent, la sexualité y est considérée uniquement dans un but de procréation.
Dès le XVIe siècle, la sexualité est soumise à une multitude de normes prônant la répression des appétits charnels (le Goaziou, 2017) qui impactent principalement la gent féminine. Ce qui entraîne, dès le XVIIIe siècle, des premiers appels en faveur d’une éducation à la sexualité des jeunes femmes. D’abord « reproductive » avec J-J. Rousseau (1762) et son livre Émile ou De l’éducation. Ensuite au « plaisir » avec le Marquis de Sade (1795), qui à travers son livre « La philosophie dans le boudoir », veut permettre une initiation au plaisir sexuel (Chaplin, 2010). Malgré ces deux prises de paroles, « l’obscurantisme » sexuel perdure.
Au XIXe siècle, on note une différence d’impact de celui-ci en fonction du genre, de la classe sociale et du milieu urbain ou rural. Pour les jeunes de la ville et plus particulièrement pour les jeunes femmes qui viennent de milieux aisés, le silence se fait autour de la sexualité et de tout ce qui y a trait. Les jeunes femmes se retrouvaient dès lors face à un paradoxe ;
on les destine au mariage et à la maternité tout en voulant préserver leur « innocence » sur le sujet. Ceux et celles vivant en société rurale avaient, contrairement aux premières, accès à un contexte permettant davantage une éducation empirique³ à la sexualité (Knibiehler, 1996).
Ce n’est que vers la fin du XIXe siècle qu’on voit apparaître un changement au niveau des idées et des discours. À cette époque, la propagation de la syphilis avait rendu de nombreuses jeunes femmes infertiles et par conséquent a engendré la dépopulation. Les médecins, mais également les prêtres, vont donc se voir amenés à alerter l’opinion publique et à éduquer les jeunes gens sur certaines facettes de la sexualité, mais uniquement dans un but de santé publique. Ceci amènera à réhabiliter la fonction sexuelle ainsi que le lien entre la sexualité et la maternité (Knibiehler, 1996 ; Giami, 2007 ; Le Goaziou, 2017).
Au début du XXe siècle, Freud introduit via la psychanalyse l’existence d’une sexualité infantile différente de celle des adultes. Il met l’accent sur les répercussions négatives de l’absence d’éducation et d’informations sexuelles, qui entraînent la diffusion d’informations erronées (Freud, 1907 ; 1908 ; Giami, 2007).
Ces diverses contributions vont ensemble permettre à l’idée « d’éducation sexuelle » d’émerger selon ces termes (Knibiehler, 1996 ; Poutrain, 2014 ; le Goaziou, 2017). Néanmoins, malgré ces changements, l’éducation sexuelle ne reste qu’une idée dont on essaie encore de penser le contenu et la forme. L’expression sexuelle chez les adolescent·es est donc encore réprimée, et ce même au travers de la masturbation dont la conception reste encore très négative (Giami, 2007).
Après la Deuxième Guerre mondiale, les idées vont doucement commencer à réémerger. Dès 1947, en France, le concept d’une éducation sexuelle donnée en milieu scolaire est envisagé, sans pour autant être appliqué. Selon Knibiehler (1996), plusieurs évènements vont causer ces changements. Premièrement, les textes de vulgarisation en psychanalyse touchent à cette époque tous les milieux sociaux. Deuxièmement, un baby-boom va entraîner l’apparition d’un nouveau « fléau social » ; l’avortement clandestin. Ces événements ont pour effet d’encourager le développement d’une tendance chrétienne et psychologique de l’éducation à la sexualité, plutôt qu’une tendance sanitaire et laïque. L’éducation va de ce fait être véhiculée, dans un premier temps, au travers de revues psychologiques et de magazines catholiques. En Belgique, c’est par exemple le cas de la revue « Les Feuilles Familiales » et de la collection « Pierre Dufoyer »4 qui abordent le sujet de la sexualité en lien avec le foyer et le mariage (Di Spurio, 2015 ; Di Spurio & Piette 2017).
Au niveau culturel, le changement se fait également sentir. À partir des années 50, la censure sur les œuvres et les productions se voit petit à petit défiée. D’abord par l’apparition de livres décrivant des scènes de sexes5, ensuite dans les cinémas où l’on voit une libération du corps des femme 6 (le Goaziou, 2017), puis avec l’apparition des sex-shops et de l’industrie du porno, apparaît une désacralisation du sexe (le Goaziou, 2017).
Ces changements culturels vont permettre un changement de la conception de la sexualité et amener dans les années 60, le concept de révolution sexuelle, également appelé « Libération sexuelle ». Mai 1968 marque, la revendication de nouveaux droits ; celui du désir et du plaisir sexuel. La légalisation de la contraception (Loi Neuwirth, 1967) et de l’avortement (1975) en France permet quant à elle, la levée de la contrainte procréatrice et la possibilité d’interrompre une grossesse non désirée, donc de dissocier l’acte sexuel de l’enfantement (Poutrain, 2014 ; le Goaziou, 2017).
Ces changements se ressentent finalement dans l’ouvrage collectif La grande Encyclopédie de la Vie sexuelle publié en 1973, où l’on voit apparaître une nouvelle doctrine de l’éducation sexuelle (Giami, 2007). Cet ouvrage innove particulièrement sur la question de la masturbation, qui y est reconnue comme faisant partie de la sexualité normale de l’adolescent·e (Kahn-Nathan, Tordjman, 1970, p. 166). On y constate également que la question de l’enfant et de la procréation n’est plus considérée comme un critère caractéristique de la finalité de l’acte sexuel (Giami, 2007).
Enfin en 1990, les organisations internationales non gouvernementales, commencent à évoquer les droits reproductifs et sexuels. Cependant, ces droits sont évoqués selon le point de vue de l’époque qui est encore essentiellement hétérocentré. Ce n’est qu’à partir des années 2000, que le développement de mouvements lesbiens, gays, transgenres et
intersexuels, vont permettre d’autres points de vue et d’affirmer les droits sexuels, lesquels prendront alors un autre sens (Gautier, Grenier-Torres, 2014 ; Miller, Roseman, 2011).
L’histoire de l’éducation sexuelle spécifique à la Belgique à partir du XXe siècle
En Belgique, ce sont les centres de planning familial, fondés en 1960, qui vont donner forme à la conception actuelle que nous avons de l’éducation sexuelle. C’est-à-dire, des animations au contenu informatif (Bloc et Piette, 2016, 29). Cependant, malgré la rupture du tabou autour de la sexualité prioritairement appliquée aux jeunes, l’éducation à la sexualité n’est à ce moment toujours pas généralisée au sein des établissements scolaires.
Ce n’est qu’à partir des années 80, que l’éducation à la sexualité se verra enfin autoriser l’accès au milieu scolaire. Effectivement, à cette époque, l’apparition du SIDA a entraîné la création de mouvements de prévention qui permettront de rendre accessible l’éducation à la sexualité dans les écoles (Pereira, 2019).
Une première proposition de décret sera faite en septembre 1980 dans le but de rendre l’éducation à la sexualité obligatoire dans l’enseignement scolaire (Mathieu-Mohin, 1979-1980). Il s’ensuit des études et analyses qui concluent toutes à la nécessité de généraliser cette éducation à la sexualité en milieu scolaire. En 2003, un rapport interuniversitaire permettra de rendre compte d’importantes inégalités quant à l’accès à une éducation sexuelle entre élèves des différentes filières scolaires, ainsi qu’un important manque de concertation entre les divers organismes impliqués sur le terrain (Andrien, Renard, Piette, Vanorle, Mercier 2004). En effet, certaines écoles font déjà appel aux plannings pour « éduquer » à la sexualité, sans que ça ne soit obligatoire (Lausberg, 2012).
En 2012, l’éducation à la sexualité se verra enfin inscrite dans le décret « Missions »7, ce qui marquera la naissance officielle de l’Éducation à la Vie Relationnelle, Affective et Sexuelle (EVRAS). Ce décret, datant du 24 juillet 1997, définit les missions prioritaires de l’enseignement fondamental et de l’enseignement secondaire. Il rend, de ce fait, l’EVRAS obligatoire en Fédération Wallonie-Bruxelles. Ceci implique que chaque direction et équipe éducative se doit de définir un projet et des actions dans le cadre de l’EVRAS.
En juin 2013, les trois entités fédérées s’accordent sur un protocole dont l’objectif est la généralisation de l’EVRAS. Ce document propose une définition succincte de l’EVRAS et de ses objectifs. Cependant, les acteurs et actrices de l’EVRAS constatent qu’un certain flou accompagne la mise en œuvre de ces dispositifs, qui ne proposent ni cadre ni objectifs suffisamment concrets à atteindre pour les écoles. En conséquence, l’EVRAS est susceptible d’être abordée de manière très différente dans les différents établissements scolaires et donc de créer des inégalités en termes d’accès à cette éducation ce qui aura un impact à long terme sur la santé de la population.
Suite à ces différents constats, sont apparues en février 2018, les « Stratégies Concertées EVRAS » (SC-EVRAS) dont nous vous parlerons davantage au sein du chapitre suivant.
Louise-Marie Drousie
O’YES
Sources :
[1] À des fins de vraisemblance historique, le genre et le sexe seront abordés dans l’introduction comme binaire (homme et femme).
[2] Le christianisme est marqué dès son origine par le stoïcisme et néoplatonisme, qui se méfiaient de l’emprise du plaisir sur la volonté humaine (Smets, 2017).
[3] C-à-d, au travers de l’observation ; d’animaux, de taches de sang sur les draps ou encore lorsqu’ils/elles entendaient les adultes (Knibiehler, 1996).
[4] La collection « Pierre Dufoyer » publie en tout vingt numéros consacrés à la sexualité et semble faire autorité sur le sujet dans le monde catholique européen (Di Spurio, 2015 ; Di Spurio & Piette 2017).
[5] P. ex., “Histoire d’O” de Dominique Aury (1954) et “Lolita” de Vladimir Nabokov (1955).
[6] P. ex., Brigitte Bardot dans “Et Dieu créa la femme” (1956)
[7] Décret définissant les missions prioritaires de l’enseignement fondamental et de l’enseignement secondaire et organisant les structures propres à les atteindre
Andrien, M., Renard, K., Piette, D., Vanorle, H., & Mercier, M. (2004). Animations à la vie affective et sexuelle à l’école: propositions d’objectifs, de thématiques et de stratégies: rapport de l’équipe interuniversitaire, décembre 2003. Presses universitaires de Namur.
Bloc, F. & Piette, V. (2016). Jouissez sans entrave ? Sexualité, citoyenneté et liberté, Bruxelles, CAL.
Chaplin, T. (2010). 1. France. Émile perverti ? ou « Comment se font les enfants ? » : deux siècles d’éducation sexuelle (du XVIIIe siècle à nos jours). Dans : Véronique Blanchard éd., Les jeunes et la sexualité: Initiations, interdits, identités (XIXe-XXIe siècle) (pp. 21-35). Paris: Autrement.
Di Spurio, L. (2015). « La vulgarisation de la notion d’adolescence dans l’Europe de l’après Seconde Guerre mondiale : échanges et circulations du savoir « psy » entre l’espace francophone européen et l’Italie », dans Amnis. Revue de Civilisation contemporaine Europes/Amériques [en ligne], vol. 14, 2015, mis en ligne le 15 juillet 2015, consulté le 26 mars 2021, http://amnis.revues.org/2715 ; DOI : 10.4000/amnis.2715.
Di Spurio, L. & Piette, V. (2017). Former à la vie sexuelle et affective dans le monde catholique : l’amour et la sexualité expliqués aux parents et aux adolescents (Belgique 1945-1965). Dans Vanderpelen-Diagre, C., & Sägesser, C. (dirs.), La Sainte Famille : Sexualité, filiation et parentalité dans l’Église catholique (pp. 93-108). Éditions de l’Université de Bruxelles. ISBN:978-2-8004-1623-6
Di Spurio, L. (2018). « Education sexuelle », in Gubin, E. & Jacques, C. (dir.) (2018), in Encyclopédie d’histoire des femmes, Belgique, XIXe – XXe siècles, Bruxelles, Racine, p. 147-151.
Freud, S. (1907), « Les explications données aux enfants», in La vie sexuelle, PUF, pp. 7-13.
Freud, S. (1987), Trois essais sur la théorie sexuelle, Gallimard.
Gautier, A. & Grenier-Torres, C. (2014). Controverses autour des droits reproductifs et sexuels. Autrepart, 2(2), 3-21. https://doi.org/10.3917/autr.070.0003
Giami, A. (2007). Une histoire de l’éducation sexuelle en France : une médicalisation progressive de la sexualité (1945-1980). Sexologies, Elsevier, 16 (3), pp.219-229. https://dx.doi.org/10.1016/j.sexol.2007.06.001
le Goaziou V. (2017). Les jeunes, la sexualité et la violence. FWB : Yapaka ; 2020 [cité le 30 mai 2020]. p.7-16. Disponible : https://www.yapaka.be
Kahn-Nathan J., Tordjman G., Verdoux C., Cohen J. (1973). Encyclopédie de la vie sexuelle. De la physiologie à la psychologie (14/16 ans) Paris: Hachette.
Knibiehler, Y. (1996). « L’éducation sexuelle des filles au XXe siècle », Clio. Histoire‚ femmes et sociétés. URL : http://journals.openedition.org/clio/436 ; DOI : https://doi.org/10.4000/clio.436
Lausberg, S. (2012). L’Éducation à la Vie Relationnelle, Affective et Sexuelle (EVRAS) dans le système éducatif francophone de Belgique. https://www.academia.edu/26595040/LEducation_%C3%A0_la_Vie_Relationnelle_Affective_et_Sexuelle_EVRAS_dans_le_syst%C3%A8me_%C3%A9ducatif_francophone_de_Belgique
Mathieu-Mohin, L. (1979-1980), Dossier parlementaire : Proposition de décret n°54 du 12 septembre 1980 rendant obligatoire l’étude de notions d’éducation affective, familiale et sexuelle dans différents niveaux d’enseignement.
Miller, A.M., Roseman, M. (2011). « Sexual and reproductive rights at the United Nations : frustration or fulfilment ? », Reproductive health matters, no 38, p. 102-118.
Pereira, S. (2008). Droits sexuels et reproductifs. Quelle éducation sexuelle et affective des adolescent-e-s à l’aube de ce troisième millénaire ?, Cahiers de l’Université des Femmes, n°1, Bruxelles, Université des Femmes.
Pereira, S. (2019) Processus de dépolitisation de l’EVRAS. Le cas de la Fédération Wallonie-Bruxelles dans un contexte multiniveaux. Faculté de philosophie, arts et lettres, Université catholique de Louvain. Prom. : Bérengère Marques-Pereira. http://hdl.handle.net/ 2078.1/thesis:20785
Poutrain, V. (2014). « L’évolution de l’éducation à la sexualité dans les établissements scolaires », Éducation et socialisation. URL : http://journals.openedition.org/edso/951 ; DOI : https://doi.org/10.4000/edso.951
Protocole d’accord entre la Communauté française, la Région wallonne et la Commission
Communautaire française de la Région de Bruxelles-Capitale, relatif à la généralisation de l’éducation à la vie relationnelle, affective et sexuelle (EVRAS) en milieu scolaire. En ligne : http://www.egalite.cfwb.be/index.php?eID=tx_nawsecuredl&u=0&g=0&hash=47cf56b8a7748a1c85b8f5c4f57ea4db1af9b8e4&file=fileadmin/sites/sdec_III/upload/sdec_III_super_editor/sdec_III_editor/documents/EVRAS/Protocole_d_accord_EVRAS_06.2013.pdf
Wackenheim, C. (1991). L’« Europe chrétienne » entre histoire et utopie. In: Revue des Sciences Religieuses, tome 65, fascicule 3. pp. 287-298. DOI : https://doi.org/10.3406/rscir.1991.3178
Smets, J. (2017, 27 décembre). Le christianisme a-t-il un problème avec la sexualité ? Le soir, https://soirmag.lesoir.be/130136/article/2017-12-27/le-christianisme-t-il-un-probleme-avec-la-sexualite
La dépendance et la violence dans les jeux vidéo
Certains jeunes passent beaucoup de temps à jouer à des jeux vidéo, de quoi souvent inquiéter leur entourage. Mais quand parle-t-on d’ « accros aux jeux » ? Peut-on parler de « dépendance » aux jeux vidéo ? Quelle est la situation en Belgique francophone ?
Quelle est la pratique du jeu vidéo en Belgique francophone ? Malheureusement, aucun chiffre n’est disponible ! Les auteurs de l’enquête #Génération2020, menée par Média Animation et le Conseil Supérieur de l’Éducation aux Médias (CSEM), qui ont interrogé plus de 2.000 jeunes de 6 à 18 ans, regrettent qu’un état des lieux davantage documenté sur les pratiques numériques des jeunes, dont les jeux vidéo, en Fédération Wallonie-Bruxelles ne soit pas disponible.
Ce n’est cependant pas le cas en Flandre et chez nos voisins français. Le Vlaams expertisecentrum Alcohol en andere Drugs (VAD), le centre d’expertise flamand pour l’alcool, les drogues illicites, les médicaments psychoactifs, les jeux d’argent et de hasard, dans une étude réalisée en 2017, avait révélé que 50% des flamands de plus de 15 ans avaient joué à des jeux vidéo le mois précédant l’enquête. Il s’agissait surtout des jeunes de 15 à 19 ans, tant des hommes que des femmes. Un quart jouait au moins 1h par jour.
En France, lors de la première enquête nationale consacrée à la pratique du jeu vidéo et réalisée en 2008, le département des Études et de la Prospective du ministère de la Culture relevait à l’époque que 35% de la population française de plus de 15 ans y avaient joué au moins une fois au cours de l’année écoulée, dont 18% au moins une fois par semaine et 6% tous les jours, et ce, sur tout le territoire hexagonal. 13 ans plus tard, le phénomène a progressé comme la société Médiamétrie, spécialisée dans la mesure d’audience et l’étude des usages des médias audiovisuels et numériques en France, le démontre dans son enquête « Le jeu vidéo, une pratique de plus en plus collective » publiée en décembre 2021. 73% des Français avouent jouer « au moins occasionnellement », c’est-à-dire une fois dans l’année, et même 58% « régulièrement », c’est-à-dire une fois par semaine. La part des hommes et des femmes est assez égale, 53% et 47%. Enfin, si l’âge moyen d’un joueur est de 38 ans, 98% des enfants jouent aux jeux vidéo.
Cette augmentation de la consommation de jeu vidéo au fil des ans ne va pas sans poser des questions sur les plans médical et social. Les autorités sanitaires nationales et internationales se sont emparées de la question. Dans le courant de l’année 2018, l’Organisation Mondiale de la Santé a défini des critères permettant de poser le diagnostic d’un « trouble du jeu vidéo ». D’emblée, l’OMS a précisé que le trouble ne touche qu’une « petite minorité […] [elle] ne dit pas que toute habitude de jouer aux jeux vidéo est pathologique ». Pour l’agence onusienne, on peut parler de trouble du jeu vidéo lorsque l’on est face à « un comportement lié à la pratique des jeux vidéo ou des jeux numériques, qui se caractérise par une perte de contrôle sur le jeu, une priorité accrue accordée au jeu, au point que celui-ci prenne le pas sur d’autres centres d’intérêt et activités quotidiennes, et par la poursuite ou la pratique croissante du jeu en dépit de répercussions dommageables ».
Les risques ne se limitent pas à l’environnement social du joueur. Sa santé peut être en jeu. Le comportement sédentaire induit par une pratique importante entraîne des risques accrus de surpoids et d’obésité ou des maladies cardiovasculaires, une perturbation du sommeil, des problèmes de somnolence, d’attention, des troubles de l’humeur ou de l’appétit. Les risques sur le plan psychologique ne sont pas à minimiser : émotions négatives comme la frustration, l’irritation, le stress ou l’agressivité. Sur ce dernier point, le Conseil supérieur de la Santé, dépendant du Service public Fédéral de la Santé publique, estime que la littérature scientifique ne fournit pas encore de réponse univoque quant à l’influence des jeux vidéo sur l’agressivité.
Peut-on considérer pout autant tout joueur comme une personne en danger ? Non, bien évidemment. Des facteurs à risque existent, liés à la fois au joueur, au jeu et à l’environnement.
On a ainsi remarqué que les troubles relatifs aux jeux vidéo se manifestent plus souvent chez les hommes, les célibataires ou divorcés, et les jeunes. Le jeu en ligne problématique est lié à un large éventail de facteurs psychologiques et il existe une diversité de profils psychologiques à risque. L’impulsivité, l’introversion, le comportement de recherche de sensations, l’agressivité, de faibles compétences sociales, une faible estime de soi sont notamment des facteurs de risque. A l’inverse, la confiance en soi et de bonnes compétences sociales seraient quant à elles des facteurs de protection.
Les motivations pour lesquelles on joue (performance, sociabilité, gestion du stress…) peuvent aussi constituer un facteur de risque. L’utilisation intensive des jeux vidéo est en fait souvent la manifestation d’une autre souffrance à laquelle on essaie d’échapper. Le risque d’usage problématique augmente s’il s’agit de satisfaire des besoins qui ne peuvent être satisfaits dans d’autres contextes.
Les jeux eux-mêmes ont des potentiels addictifs différents en fonction de leurs caractéristiques : par exemple les jeux en ligne, les jeux multi-joueurs, les jeux de compétition et les jeux interactifs contiennent plus de caractéristiques addictives ainsi que les jeux qui offrent des récompenses ou des objets rares, ou ceux qui permettent de s’identifier à un avatar.
Certaines caractéristiques de l’environnement peuvent avoir une influence, comme la situation familiale, les difficultés à l’école, et les problèmes relationnels tels que le harcèlement. La relation avec les parents semble en particulier être un facteur important (comportement des parents par rapport au jeu, offre d’activités alternatives, pose de limites…), même si le lien de causalité n’est pas toujours clair.
Au milieu de ce tableau qui peut paraitre très noir, il faut rappeler que le jeu vidéo peut apporter, via une pratique modérée, des bienfaits. En Belgique, le Conseil Supérieur de la Santé, dans son avis n° 9526 de 2020 consacré aux troubles relatifs aux jeux vidéo, reconnait que les jeux vidéo sont une « manière très accessible de s’amuser et de se détendre. Le jeu peut aussi être propice au développement cognitif et socio-émotionnel des enfants et des jeunes. Parmi les exemples de compétences cognitives […] figurent la concentration, l’attention sélective, la résolution de problèmes, les compétences spatiales, la créativité. La récente revue systématique de Nuyens et al. (2019) montre aussi que l’utilisation non problématique de jeux vidéo peut avoir un impact positif sur les processus cognitifs des joueurs. D’autres effets positifs sont l’apprentissage de l’échec, des défis et des succès, la gestion des émotions, le développement de l’identité (via la création d’avatars), les aptitudes sociales (collaboration, esprit d’équipe, sens des responsabilités) et la motricité (coordination œil – main, capacité multitâches, temps de réaction).