D’ici quelques jours, la Fédération des Étudiants Libéraux aura officiellement un nouveau président. Rencontre avec Diego, prêt à se lancer dans sa nouvelle fonction. Jeunes & Libres tient à remercier Ömer, président sortant, pour son implication et son enthousiasme indéfectibles durant les deux années qui viennent de s’écouler, notamment au sein de notre conseil d’administration.
Fel
À un an d’un vote historique
Les prochaines élections du Parlement européen auront lieu le 9 juin 2024, soit dans un an jour pour jour. Pour ces élections, la Belgique marque un grand coup en donnant la possibilité aux jeunes de 16 et 17 ans d’y participer grâce à une loi votée le 1er juin 2022.
L’âge légal pour le droit de vote aux élections européennes est donc passé à 16 ans au lieu de 18 ans. Depuis le 1er mai 2023, date de la mise en application de la loi votée l’année dernière, ce sont pas moins de 280.000 jeunes belges qui ont l’opportunité de faire entendre leur voix au niveau européen l’année prochaine.
Sophie Wilmès, alors ministre des Affaires Étrangères au moment de l’accord du gouvernement, avait d’ailleurs déclaré : « C’était un engagement du gouvernement à sa formation, il est tenu. Aujourd’hui, nous donnons aux jeunes à partir de 16 ans la possibilité de prendre pleinement part au débat public européen. Il s’agit d’un premier pas formel vers la citoyenneté européenne. C’est fondamental, car l’UE règle des pans entiers de notre quotidien. Avec ma collègue Annelies Verlinden, nous portons ce projet qui est une avancée pour les jeunes, pour notre démocratie et pour le projet européen ».
La ministre de l’Intérieur CD&V, Annelies Verlinden, d’ajouter : « Les décisions prises à ce niveau de pouvoir portent souvent sur des sujets qui préoccupent les jeunes et qui ont un impact significatif sur leur avenir, tel que la mobilité ou le climat. C’est la raison pour laquelle il est intéressant de leur donner voix au chapitre pour ces questions ».
Pour Valérie Glatigny, ministre de la jeunesse, « L’abaissement de l’âge du droit de vote aux élections européennes vise à associer davantage encore les jeunes à la démocratie européenne. Nos jeunes veulent pouvoir être entendus sur les grands chantiers de ce siècle, que ce soit le défi climatique, l’intelligence artificielle ou encore la formation aux nouvelles technologies, pour ne citer que ceux-ci. Il est donc essentiel de les informer au mieux de ces enjeux. Jeunes & Libres y contribue avec brio par ses actions sur le terrain pour faire des jeunes des citoyens responsables, actifs, critiques et solidaires. »
En ce qui concerne les élections communales, provinciales, régionales, communautaires et législatives, l’âge légal reste 18 ans.
Pour autant, tous ces jeunes ne disposent pas de ce droit de manière automatique, au contraire des citoyens majeurs. En effet, les jeunes désireux de voter doivent s’inscrire au préalable sur une plateforme en ligne ou via un formulaire à compléter et à remettre à la commune. Ils peuvent également l’envoyer par courrier accompagné d’une copie de leur carte d’identité. Ce sera alors aux communes de traiter les demandes et d’inscrire les jeunes sur les listes électorales. Cette inscription n’est pas sans conséquence, car, dès lors que le jeune est inscrit, il est dans l’obligation de se rendre aux urnes et de voter.
En ce qui concerne la plateforme en ligne, les jeunes peuvent s’inscrire via le lien suivant : https://Inscription.elections.fgov.be. L’identification peut se faire par le biais de la carte eID ou avec l’application Itsme.
Pour participer aux élections, il faut néanmoins réunir 5 conditions, à savoir :
- Posséder la nationalité d’un État membre de l’Union européenne ;
- Avoir une résidence principale dans une commune belge ;
- Ne pas être suspendu(e) de ses droits électoraux par une décision judiciaire ;
- Avoir au moins 16 ans au moment du vote le 9 juin 2024 ;
- Être inscrit sur la liste des électeurs.
Un citoyen européen qui réside en Belgique pourra donc participer aux élections et voter pour des candidats sur des listes belges. Il en va de même pour les quelque 13 000 jeunes de nationalité belge, âgés de 16 et 17 ans et vivant à l’étranger.
Après Malte, l’Allemagne et l’Autriche, la Belgique devient le quatrième pays de l’Union européenne, à permettre aux jeunes de 16 et 17 ans de voter et de faire entendre leur voix aux élections du Parlement européen en 2024.
Qu’en pensent nos OJ ?
Nous avons demandé à la FEL et aux Jeunes MR ce qu’ils pensaient de cette nouvelle loi. Voici leurs réponses …

« Chez les Jeunes MR, nous pensons qu’avant que cette mesure ne puisse voir le jour, il faut d’abord intéresser et former nos jeunes, leur donner les clefs de compréhension du monde politique et de ces enjeux. Il faut former des CRACS (Citoyen Responsable, Actif, Critique et Solidaire), c’est d’ailleurs notre mission principale en tant qu’organisation de jeunesse politique.
Les Jeunes MR soutiennent également l’instauration d’un vrai « Cours de Citoyenneté » qui permettrait aux élèves de mieux comprendre comment fonctionne notre démocratie, d’aborder les différents courants politiques et religieux qui ont marqué notre Histoire.
Il est essentiel que les jeunes cultivent également leur curiosité et leur esprit critique.
Si tu veux plus de détails, tu trouveras tout ici : https://jeunesmr.be/2021/10/vote-a-16-ans-oui-mais/ ».

- « Participation démocratique accrue – En permettant aux jeunes âgés de 16 et 17 ans de voter, cela favorise leur participation politique et aiguise leur engagement civique avant leur majorité. Cela peut encourager les jeunes à s’intéresser davantage aux affaires publiques et à exercer leurs droits démocratiques.
- Plus forte représentativité des jeunes – L’abaissement de l’âge de vote garantit que les jeunes aient une voix directe dans le processus électoral. Cela permet de mieux prendre en compte leurs intérêts et leurs préoccupations dans la prise de décision politique, notamment en ce qui concerne les enjeux qui les touchent particulièrement.
- Éducation civique renforcée – En autorisant les jeunes à voter plus tôt, cela peut encourager les établissements scolaires à renforcer l’éducation civique et politique, ce qui contribue à former des citoyens plus informés et engagés.
… Mais aussi quelques réserves :
- Maturité et expériences limitées – Certains critiques soutiennent que les jeunes de 16 ans peuvent ne pas avoir suffisamment de maturité et d’expérience pour prendre des décisions politiques éclairées. Ils pourraient être influencés par des opinions et des perceptions immatures ou encore manquer de compréhension approfondie des enjeux politiques. À charge de l’école et des organisations de jeunesse de former les jeunes à la complexité apparente que revêt la politique européenne de marché, de capitaux, de libre circulation ou encore d’intégration.
- Influence parentale – À cet âge, les jeunes peuvent être plus susceptibles d’être influencés par les opinions politiques de leurs parents ou de leur entourage immédiat. Cela pourrait entraîner une forme de vote qui ne reflète pas nécessairement leur propre volonté ou compréhension. Cependant, est-ce bien l’apanage des jeunes ? À moins que cela ne concerne également les moins jeunes. »
Qu’en pense le LYMEC ?

La Jeunesse libérale européenne (LYMEC), dont sont membres les Jeunes MR et la FEL, qui promeut les valeurs libérales dans toute l’UE en tant qu’Organisation de Jeunesse du parti ALDE a également pris position sur cette nouvelle loi et nous en a fait part.
« Le LYMEC s’est positionné en faveur de l’abaissement du droit de vote à 16 ans pour les élections européennes depuis des années désormais. D’ailleurs, l’organisation a fait campagne sur cette thématique lors de l’année européenne de la jeunesse en 2022 comme une des demandes aux politiciens européens et nationaux. Nous avons donc été contents d’entendre que la Belgique mettait pour la première fois cette mesure en place pour les élections de juin 2024 rejoignant ainsi deux autres pays européens : Malte et Autriche.
Nous mettons en avant les arguments suivants pour l’abaissement à 16 ans :
- les jeunes de 16 ans dans la plupart des pays européens sont déjà très responsables, connectés et conscients de leur choix politique, ils s’expriment déjà politiquement via d’autres moyens;
- la participation des jeunes dans les élections européennes augmente constamment d’une élection à l’autre;
- en abaissant la limite, nous donnons une chance à une société plus représentative, augmentant la qualité des décisions prises en renforçant l’implication des jeunes ;
- à 16 ans dans plusieurs pays, il y a des responsabilités pénales, mais également financières qui existent, sans pour autant pouvoir décider sur ces sujets qui impactent leur vie au quotidien.
Nous proposons donc :
- d’abaisser l’âge légal pour pouvoir voter aux élections européennes à 16 ans dans tous les États membres de l’Union européenne (soutenant la dernière résolution du parlement européen adopté à ce sujet) ;
- de promouvoir les programmes qui renforcent l’identité commune européenne et surtout l’éducation à l’Europe pour préparer les jeunes au mieux à l’exercice de leur droit de vote à partir de 16 ans et éviter ainsi d’être une proie facile pour les eurosceptiques et les populistes. »
Vous pouvez retrouver la résolution du LYMEC à ce sujet en anglais ainsi que les sources qui y sont associées ci-dessous :
« Resolution on lowering the voting age to 16 in European Parliament elections.
Noting that :
- Citizens’ involvement in the governance of the state is the key feature of democracy. In most of the European Union (EU) Member States, the highest sovereignty is exercised through the election of political representatives or the participation in direct democracy procedures such as referendums or participatory budgets.
- Under the current legislation of each EU Member State, all citizens of the state have the right to vote in European Parliament elections from the age of 18 (except Greece, Malta, and Austria), but young people still tend to vote less than other population segments, expressing their views and civic engagement through alternative procedures than that of participatory democracy, being their preferences thus less represented in traditional democratic institutions [1].
- Even though participation in the 2019 European Parliament elections increased compared with 2014 elections (from 42,6% to 50.6%) it is still low in some of the EU Member States [2]. In addition to this, young people’s participation in European elections are constantly increasing. 42% of young people from age 16 to 24 voted in 2019 European Parliament elections, while in 2014 elections only 28% [3] voted.
- Demographic trends in the EU show a decline in the number of young people from age 15 to 29 [4]. According to the data of Eurostat, young people made up 17,4% of the EU population in 2016, compared with 21.5 percent in 1996[5]. It is particularly important to ensure that the needs of young people are properly represented, while facing challenges of the aging population.
- European Parliament in 2015 adopted the resolution 2015/2035(INL) on reforming electoral law [6]. One of the suggestions was that EU Member States should consider ways to harmonise the minimum age of voters at 16, in order to further enhance electoral equality among Union citizens.
Believes that :
- By lowering the voting age to 16 years old in the European Parliament elections, young people would gain a stronger voice in the policy-making processes. This would partly offset the diminishing voice of young people in an aging society. Education, youth employment, social affairs, family policy would be given higher priority on the political agenda.
- Young people nowadays have greater knowledge of society and are more informed than was the youth of previous generations due to the achievements of digitalisation and connected society, as well as the practically complete alphabetisation of the EU population and the promotion of critical thought in the education system. Nevertheless, lowering the voting age to 16 also needs to entail a greater and early educational focus on political education, democracy and critical discourse in order to ensure that everyone knows what their rights are and how to exercise them.
- 16-17 year olds already have a lot of responsibilities in society : they can partially work and pay taxes, however, they cannot decide on how their paid taxes are distributed;
- Young people from 16 years old can also be convicted in most of the EU Member States. However, young people below the age of 18 years are not allowed to vote at elections and thereby influence the decisions that have direct consequences for their everyday life ;
- Lowering the voting age could contribute to the development of civic society and creating a voting habit. Studies have shown that political interest of 16 and 17-year-old Austrians have increased more than double after lowering the voting age (21,8% interviewees were very interested in politics in 2008, compared with 7.9% of interviewees in 2004) [7] ;
- Another example shows that 16 year old Germans tend to vote more than standard-type voters [8].
Therefore LYMEC calls upon :
- The EU to adopt draft legislative acts and legalize voting in European Parliament elections from the age of 16 years old in all EU Member States.
- The EU to promote programs aimed at the strengthening of an EU common identity and training programs that spread knowledge among EU youth about the relevance and day-to-day functioning of the EU, so that they know why should they vote and they are less encouraged to support Eurosceptic parties.
Sources pour la rédaction de l’article
https://verlinden.belgium.be/fr/la-belgique-permet-%C3%A0-ses-jeunes-de-voter-aux-%C3%A9lections-europ%C3%A9ennes
https://www.rtbf.be/article/elections-europeennes-2024-les-jeunes-de-16-et-17-ans-peuvent-sinscrire-en-ligne-des-ce-1er-mai-11190427
https://www.mr.be/les-jeunes-des-lage-de-seize-ans-auront-la-possibilite-de-voter-dans-le-cadre-des-elections-europeennes/
Sources pour le LYMEC
[1] 2019 European elections: National rules https://www.europarl.europa.eu/RegData/etudes/ATAG/2018/623556/EPRS_ATA(2018)623556_EN.pdf
[2] Post-election survey 2019, p.20 – https://www.europarl.europa.eu/at-your-service/files/be-heard/eurobarometer/2019/post-election-survey-2019-complete-results/report/en-post-election-survey-2019-report.pdf
[3] Post-election survey 2019, p.22 – https://www.europarl.europa.eu/at-your-service/files/be-heard/eurobarometer/2019/post-election-survey-2019-complete-results/report/en-post-election-survey-2019-report.pdf
[4] Europe’s demographic challenge – https://ec.europa.eu/eurostat/statisticsexplained/index.php/Being_young_in_Europe_today__demographic_trends#Europe.27s_demographic_challenge
[5] Children and young people in the population, EU-28, 1 January 1996, 2006 and 2016 – https://ec.europa.eu/eurostat/statisticsexplained/index.php?title=File:Children_and_young_people_in_the_population,_EU28,_1_January_1996,_2006_and_2016_BYIE18.png
[6] Reform of the electoral law of the European Union, https://oeil.secure.europarl.europa.eu/oeil/popups/ficheprocedure.do?lang=en&reference=2015/2035(INL)
[7] Political interest among young Austrians before and after lowering voting age, p.10 – https://ecpr.eu/filestore/paperproposal/9e969392-9b14-4c34-b0e7-e23eeffbfb87.pdf
[8] German young people in polling booths, p.5 – www.cje.org/descargas/cje4965.pdf
« Rendre au libéralisme ses lettres de noblesse. »
Lorsque l’on a demandé à Louis, le coordinateur et secrétaire général de la Fédération des Étudiants libéraux où l’on réaliserait l’interview, on pensait partir pour la statue de Théodore Verhaegen près de l’ULB. Son choix se porta sur la place de la Liberté, à Bruxelles, et plus précisément au « Titanic », restaurant-café, métaphore désignant, hélas, selon lui, la situation de détresse de certaines institutions, certains partis et courants de pensée en Belgique.
Jeunes & Libres : Quels ont été tes parcours scolaire et professionnel avant d’intégrer le staff de la Fédération des Étudiants Libéraux ?
Louis Mareschal : Après avoir hésité entre le droit et la philosophie, je me suis lancé dans un bachelier en droit à l’Université de Namur suivi d’un master en droit à l’Université libre de Bruxelles. En étudiant le droit, j’ai envisagé sérieusement la carrière d’avocat, mais après un stage d’observation dans le milieu du droit pénal, je me suis rendu compte que cela n’était pas fait, à l’heure actuelle, pour moi. Certains aspects « éthiques » et « moraux » dont je n’avais pas pris compte, sont apparus contraires à mes convictions. À titre personnel, je considère que tout le monde a le droit d’être défendu en justice, mais il y a une étape supplémentaire à défendre soi-même des personnes responsables de faits immoraux. Il y a le noble principe et il y a la mise en application de ce dernier.
Je me suis dès lors mis à rechercher un emploi et c’est à ce moment-là qu’une amie m’a envoyé l’offre d’emploi pour le poste de coordinateur et secrétaire général de la Fédération des Étudiants Libéraux. Je connaissais la FEL, entre autres, grâce à mon ami Adrien Pironnet, qui en a été son président. Par ailleurs, j’ai rédigé quelques articles pour leur magazine, le Blue Line, tout en n’étant pas membre de la fédération. De par ce fait, j’avais déjà rencontré Coralie, notre détachée pédagogique et j’avais déjà assisté à quelques conférences assez intéressantes. Postuler le poste de coordinateur m’a paru évident et depuis le mois de novembre 2021, je l’occupe.
J&L : Peux-tu donner trois mots qui te caractérisent ?
L. M. : Intègre car j’ai des principes moraux sur lesquels je ne transige pas. Responsable, car j’ai des devoirs, comme citoyen et au sein de la FEL. Et enfin curieux, car mon grand-père m’a appris à ne jamais me coucher sans avoir appris quelque chose durant la journée et à être toujours attentif, aux aguets.
J&L : Pourquoi avoir choisi la Place de la Liberté pour cette interview ?
L. M. : Parce que nous sommes une OJ libérale, tout simplement. Quant au « Titanic », le nom colle bien à la situation de détresse de certaines institutions, certains partis et courants de pensée en Belgique. Mais ce n’est pas une situation rédhibitoire, dramatique ou désespérée. Il faut continuer à rester optimiste, à opérer les bons choix orientés selon la raison et à aller de l’avant.
J&L : L’Université libre de Bruxelles n’aurait-elle pas été un lieu plus symbolique ?
L. M. : L’ULB a symbolisé la grande tradition libérale en Belgique avec des figures comme Janson, Choquier, Defacqz, etc. Bien que je sois coordinateur de la FEL, je ne suis plus étudiant et de plus, je trouve que l’ULB, aujourd’hui, est trop « timide » à défendre les valeurs de liberté. Comme la liberté de conscience et la liberté d’expression, en dehors de tout dogme et qui reposent sur le libre examen.
J&L : Un libéralisme qui n’a plus vraiment la cote aujourd’hui sur les campus…
L. M. : Parce qu’il y a une assimilation faussement entretenue par un certain nombre de personnalités et d’organisations entre libéralisme et capitalisme. D’ailleurs, avec des étudiants, nous nous sommes mis pour objectif durant l’année académique qui arrive de faire vraiment tout un travail de déconstruction de cette idée reçue. Le capitalisme n’est pas le libéralisme !
J&L : Quelle est l’histoire de la Fédération des Étudiants Libéraux ?
L. M. : La FEL, en tant que telle, existe depuis 1974. Elle est née au sein du PLP, le Parti de la Liberté et du Progrès, parti libéral francophone d’alors. Il s’agissait déjà d’une organisation indépendante du parti, composée uniquement d’étudiants se revendiquant du libéralisme. C’est ce qui nous distingue d’une OJ purement politique, comme les Jeunes MR. Ils ont, de ce fait, un lien plus étroit que nous avec le parti, bien qu’ils soient tout aussi indépendants de lui que nous le sommes. Nous nous exprimons sur tous les sujets en rapport avec l’enseignement supérieur et la vie des étudiants. Récemment, nous nous sommes mobilisés autour des questions des numéros INAMI et de la réforme du Décret Paysage. Nous sommes une OJ par et pour les étudiants.
J&L : Vous pourriez prendre une position à 180° de celle du Mouvement Réformateur ?
L. M. : Dans l’état actuel des choses, non. Il n’y a pas encore eu, à ma connaissance, récemment, de dossiers où on est parti aux antipodes de celle du parti. Mais selon notre vision de l’OJ et de son indépendance, oui, c’est tout à fait possible. C’est-à-dire que si un jour, un ou une ministre ou le parti venait à se positionner contre nos valeurs, nous n’aurions aucun scrupule à dire pourquoi cela nous gêne et à réaffirmer notre position, quand bien même elle ne plairait pas. C’est sur cette indépendance que nous insistons avec les étudiants, tout en revendiquant notre sympathie pour le parti. Des anciens dirigeants de la FEL ont réalisé de belles carrières au sein de ce dernier.
J&L : Tu as déjà indiqué l’enseignement supérieur et la vie des étudiants comme thématiques de la FEL. Y en a-t-il d’autres ?
L. M. : Nous sommes aussi préoccupés par les questions liées au travail, tels que les jobs étudiants, les stages rémunérés ou encore la façon de conjuguer travail et études. La question des kots figure parmi nos thématiques tout comme les trajets du domicile jusqu’au campus au même titre que la question de l’abus d’alcool. Bref, la vie des étudiants dans sa globalité.
J&L : Quelles sont les valeurs de la FEL que tu défends ?
L. M. : J’ai évoqué tout à l’heure la liberté de conscience et la liberté d’expression, mais il y a également l’individualisme, non pas au sens d’égoïsme, mais au sens de se préoccuper de l’Humain. C’est plus un humanisme. L’individu est une subjectivité au sein d’une collectivité. Ce n’est pas le collectif avant l’individu, c’est l’individu et le collectif.
J&L : Peux-tu nous présenter un projet qui t’a marqué depuis que tu es coordinateur et ce que tu as pu en retirer ?
L. M. : La revue Blue Line. Notre staff s’investit beaucoup, aux côtés des étudiants, pour réaliser ce projet quatre fois par an. Je suis très attaché à le préserver et à tout mettre en œuvre pour garantir la pérennité de de ce projet parce qu’il répond à énormément de valeurs du libéralisme, en premier lieu celle de liberté d’expression. Au travers d’un dossier central qui change à chaque numéro et à des cartes blanches, nous permettons aux étudiants d’écrire, de donner leur opinion et c’est un exercice qui n’est pas si simple. Il n’existe malheureusement pas tant d’endroits d’expression que cela.
Et pour parfaire ce travail, nous insistons sur l’approche académique, la rigueur, qui sont une charpente nécessaire pour que cette revue ne devienne pas n’importe quoi. Écrire est à la fois simple et compliqué, dans le sens où je peux prendre mon compte Facebook ou Twitter et commencer à déblatérer toutes sortes de bêtises. Notre magazine offre cet espace de qualité et notre équipe offre un accompagnement dans l’écriture grâce à l’excellent travail de Coralie, notre détachée pédagogique, qui constate régulièrement une amélioration de la qualité du travail de nos rédacteurs. Il y a donc un aspect pédagogique dans ce projet de Blue Line que j’apprécie beaucoup.
J&L : Quel serait l’objectif « fou » que tu voudrais atteindre avec la FEL ?
L. M. : Rendre au libéralisme ses lettres de noblesse et qu’il retrouve une place « respectable » au sein du débat politique. C’est une des missions de la FEL.
J&L : Qu’est-ce que c’est, pour toi, gérer une asbl ?
L. M. : Depuis quelques années et la réforme du code de société, les asbl sont devenues comme des sociétés. Cela fonctionne de la même manière, sur le plan comptable, sur le plan des organes de gestion, etc. C’est véritablement une société, si ce n’est dans l’objet social qui demeure sans but lucratif. C’est pourquoi elles vivent des revenus de leurs activités, de dons privés ou de subsides publics. Cette dernière façon de se financer est celle de la FEL.
Dans ce cas, il y a un impératif moral à agir en homme raisonnable, avec prudence et précaution et toujours selon l’objet social de l’asbl. C’est en quelque sorte mon rôle en tant que secrétaire général, qui fait de moi un membre du staff et un administrateur. C’est une particularité de notre asbl : le secrétaire général est administrateur, mais aussi le premier permanent, donc employé. Les autres administrateurs sont des bénévoles.
De ce fait, une plus grande responsabilité pèse sur mes épaules. Je suis parfois amené, lors de discussions entre administrateurs, à recentrer le débat ou les activités sur notre objet social et dans le respect du décret Organisation de Jeunesse.
J&L : Quelle est la qualité principale pour être coordinateur d’une association ?
L. M. : Le dévouement à l’égard de l’association et de son conseil d’administration. Il faut parfois savoir mettre ses principes personnels de côté au profit de l’association sur certaines questions. Je n’appelle pas à faire fi de tous ses principes, mais en n’agissant pas de la même manière que si c’était en notre nom propre.
J&L : Comment t’es-tu formé au métier de manager ?
L. M. : Une petite expérience dans ma vie étudiante m’a beaucoup aidé. En troisième année de bachelier, j’étais président de la revue de droit et je gérais une équipe d’une quinzaine d’étudiants, les conflits et divergences d’opinion. Aujourd’hui, je suis dans un véritable environnement professionnel avec des travailleurs, mais dans l’esprit, nous pouvons retrouver des points communs : un objectif à atteindre, ne jamais réfléchir pour soi, mais selon cet objectif et aux méthodes pour y parvenir.
J&L : Peux-tu présenter la structure de la FEL ?
L. M. : La principale figure de notre fédération, c’est le président, qui est actuellement Ömer Candan. Il gère tant le conseil d’administration que le bureau politique, que l’image publique de la FEL, étant sa « figure de proue ». Le secrétaire général travaille en très étroite collaboration avec lui, c’est-à-dire que l’on communique tous les jours sur les avancées administratives, la stratégie politique, les campagnes, sur le staff. Il est l’autre administrateur, avec le secrétaire général, au cœur de la structure administrative.
Il est secondé par deux vice-présidents, membres du conseil d’administration, mais moins impliqués dans la vie administrative de notre association, mais plus dans l’objet social. Le trésorier s’occupe des questions financières et m’accompagne dans toute une série de ces tâches. Et enfin, un secrétaire administratif complète le conseil d’administration. Pour résumer, le conseil d’administration gère exclusivement les questions d’ordre administratives, financières et de ressources humaines. Il ne se réunit que quatre ou cinq fois maximum par an. Le bureau politique est davantage tourné vers notre objet social et est ouvert à plus de membres de la FEL. Il est composé des présidents et secrétaires politiques de chaque section, du secrétaire politique national, du staff ainsi que tout le conseil d’administration et se réunit tous les mois. Le bureau politique coopte ses délégués aux relations internationales qui vont représenter la FEL aux congrès du European Liberal Youth (LYMEC) et de l’International Federation of Liberal Youth (IFLRY). Nous y discutons également des prochains numéros du Blue Line, des actions à mener sur les réseaux sociaux et les campus. C’est le « forum » politique de la FEL.
L’assemblée générale de la FEL se réunit deux fois par an, une fois pour approuver les comptes et l’autre fois pour désigner le conseil d’administration. Voici toute la structure nationale de la FEL, qui est une fédération. Ses membres sont les sept sections de l’ULB, de l’ULiège, de l’UMons, de l’UCL, de l’Université Saint-Louis, de l’Institut Catholique des Hautes Études Commerciales et de l’Université de Namur. Chaque section dispose d’un bureau politique, à l’image du bureau national, et est indépendante. Elles organisent leurs activités que nous soutenons financièrement et logistiquement.
J&L : De combien de personnes as-tu la responsabilité ? Peux-tu nous dresser leurs portraits ?
L. M. : J’ai déjà cité Coralie, notre détachée pédagogique qui est en charge de tout l’aspect communication écrite de notre fédération, sur papier et en version digitale. Elle organise et anime un certain nombre d’activités, comme la « journée des présidents de section » ou notre mise au vert. Il y a également Daphné, notre chargée de communication et infographiste qui est en charge de notre site et de nos visuels et de ceux de nos sections.
J&L : Quels sont les bénéfices à être reconnu comme OJ ? pourquoi ne pas se faire également reconnaître comme Organisation Représentative au niveau Communautaire (ORC), pour devenir une sorte de syndicat étudiant ?
L. M. : C’est un vieux débat au sein de la FEL. En tant qu’ORC, nous pourrions gagner davantage en légitimité en tant que représentants des étudiants et obtenir beaucoup plus de subsides, d’autant plus qu’il n’existe plus qu’une seule ORC en FWB, la Fédération des Étudiants Francophones (FEF).
Or, ça n’est pas en adéquation avec notre objet social actuel. Si nous devenions une ORC, nous devrions être en mesure de représenter TOUS les étudiants et cela est difficile de promouvoir les valeurs du libéralisme tout en se réclamant d’être le représentant de tous les étudiants. C’est le problème de la FEF, qui est avant tout le porte-voix d’une minorité d’activistes aux objectifs très éloignés de ceux de la majorité des étudiants.
Notre agrément OJ nous permet déjà de réaliser nos objectifs et d’assurer une légitimité institutionnelle. Cela nous suffit pour le moment.
J&L : Quelle est la plus grosse contrainte à laquelle tu fais face au quotidien ?
L. M. : Militer dans un environnement dominé par la gauche. À tout bout de champ, quand on sort un projet, nous sommes attaqués par la gauche… je dirais même sa frange radicale. Nous avons dû avorter un projet de sensibilisation des autorités à propos de leurs inactions à l’égard des agressions sexuelles sur les campus. Nous avions utilisé l’ironie dans notre communication, mais force est de constater que tout le monde n’a pas eu le niveau suffisant pour la comprendre. Nous vivons dans une époque où il est impossible de faire preuve de réflexion à cet égard du simple fait que nous sommes libéraux.
J&L : Qu’en est-il de la mobilisation de vos membres ?
L. M. : On peut ressentir une certaine difficulté à les mobiliser, mais cela est très inégal selon nos sections. Nous en avons certaines qui fonctionnent extrêmement bien, qui sont presque autonomes, avec beaucoup de membres. Et dans d’autres sections, il n’y a pas beaucoup de membres et c’est plus difficile de réaliser certaines activités.
Mais nous restons optimistes. Récemment, une section, qui n’était plus très active depuis deux ans, a redémarré grâce à une nouvelle équipe dirigeante. Je m’en réjouis vraiment. Le président est en 2e année, il a mis en place tout un nouveau bureau politique, il a recruté énormément de membres et il a vraiment, à lui seul, réanimé une section.
Quand un nouveau membre rejoint la FEL, il reçoit une newsletter qui lui présente la FEL. Le staff n’intervient pas directement auprès de lui, c’est la section à laquelle il est rattaché qui s’en charge. Quand un membre occupe un nouveau poste à responsabilité, par exemple un président de section ou un secrétaire politique, je lui envoie moi-même un petit mail sur mesure en fonction de l’étudiant et dans quelle section il se trouve. Je lui rappelle que moi-même et le staff sommes là pour répondre à toutes ses questions, ses interrogations, qu’il est responsable d’un cercle étudiant et qu’il agit pour lui. C’est une chance en quelque sorte. Il bénéficie d’un réseau, d’un horizon, d’un auditoire de personnes attirées par l’attention qu’il suscite.
J&L : Comment organises-tu ton management à court, moyen et long terme ?
L. M. : Pour le court terme, nous faisons une réunion d’équipe toutes les semaines. Pour le moyen terme, nous recevons le planning des activités et projets de nos sections et nous planifions le soutien. Pour le long terme, ce n’est plus vraiment dans nos habitudes, hormis de suivre le plan quadriennal. L’air du temps n’est plus trop aux campagnes thématiques, qui s’étalaient sur toute une année académique. Nous faisons plutôt des « mini campagnes ». La dernière traitait d’ailleurs du phénomène des piqures dans les événements festifs.
J&L : Comment s’assurer une stabilité dans les projets lorsque l’équipe dirigeante change, en partie ou en totalité, tous les ans ?
L. M. : En s’assurant que les personnes qui intègrent nos organes décisionnels ne sortent pas de « nulle part », mais soient des personnes avec un minimum d’expérience au sein de la FEL et qui ont suivi les projets à moyen terme. L’avantage est l’apport constant d’innovation dans ces organes. L’innovation est une bonne chose.
J&L : Comment permets-tu à des jeunes de jouer pleinement et consciencieusement leur rôle de gestionnaire, alors qu’ils n’ont souvent aucune expérience professionnelle ou de vie ?
L. M. : D’une part, je suis jeune, je n’ai que 24 ans et donc, j’essaie de rester « cool » avec les étudiants, de passer de bons moments avec eux et de m’amuser. Ça doit être un plaisir pour eux de participer à la vie de la FEL. D’autre part, je sais rester « formel » dans la façon dont je m’adresse à eux. Par exemple, dans mes e-mails, je suis très protocolaire.
Par ailleurs, grâce à Jeunes & Libres, nos administrateurs bénéficient d’une formation sur leurs devoirs inhérents à cette fonction.
Et enfin, le président actuel est déjà actif dans la vie professionnelle en étant étudiant et entrepreneur et est tout à fait conscient des réalités de la vie d’une association.
J&L : quels sont les défis à venir au sein de votre OJ ?
L. M. : Montrer aux étudiants que nous, les étudiants libéraux, ne sommes pas capitalistes. Nous ne sommes pas du tout à l’image des préjugés dont on nous affuble. Nous ne sommes pas simplement une alternative à la gauche ambiante sur le campus, mais nous avons notre propre ligne politique, notre façon de concevoir l’enseignement supérieur et la société en général pour les étudiants, qu’ils sont toutes et tous les bienvenus. Et nous espérons voir de plus en plus d’étudiants qui organisent de plus en plus d’événements.
J&L : Est-ce que, selon toi, le coordinateur est le gardien des engagements décrétaux de l’OJ ?
L. M. : Oui, bien entendu. Je vais prendre un aspect très important : notre volume d’activités. Nos membres n’en ont pas conscience, mais je surveille que le volume minimal soit atteint. Rien qu’en cela, je suis gardien des engagements décrétaux. De manière générale, je dois connaître le décret OJ, savoir pourquoi nous existons en tant que telle, pourquoi on nous finance et respecter cela.
J&L : Comment est-ce que tu gères le quotidien ? Présente-nous une journée type ?
L. M. : Il n’y a pas de journée type ! Toutefois, la plupart de mes journées commencent par la consultation de mes e-mails et des réseaux sociaux, même en dehors des heures de bureau. Je réponds aux diverses questions et demandes des membres et du staff. Je travaille régulièrement sur les projets et les tâches administratives.
J&L : Quel est ton rapport avec la fédération, Jeunes & Libres ?
L. M. : C’est un gros bonus pour nous d’avoir une fédération libérale qui est là pour nous soutenir dans tout l’aspect administratif de la vie de notre association, ressources humaines, financier, graphique ainsi que pour les formations.
Et cela me permet de réaliser quelques parties d’échecs endiablées avec le coordinateur de la fédération (rires, ndlr).
Propos recueillis par Adrien Pauly

À la rencontre de Louis, coordinateur et secrétaire général de la Fédération des Étudiants Libéraux
À l’occasion de la rentrée académique, Jeunes & Libres vous propose de découvrir Louis, le nouveau (mais plus vraiment) coordinateur et secrétaire général de la Fédération des Étudiants Libéraux (FEL). Mais au fait… C’est quoi la FEL?
What’s next ? – Episode 2 : Laurent
Laurent est notre nouveau guest pour ce deuxième épisode de What’s next ? Ancien président de la Fédération des Etudiants Libéraux, Laurent nous accueille au Gentleman Driver Center pour parler notamment des soft skills qu’il a acquis en organisation de jeunesse.
Les classes moyennes à l’épreuve du temps
[Cet article devait être initialement publié au sein du numéro 21 du Libre² du mois de mai 2021.]
De quoi et de qui parle-t-on ?
Avant d’entrer dans le vif du sujet, il faut préciser ce qu’on entend par le concept de « classes moyennes ». Nous en parlons au pluriel en ce sens qu’elles regroupent une variété de conceptions au sein d’un ensemble lui-même assez vaste.[1] Concept protéiforme, il n’est pas possible de lui accoler une définition unique, claire et concise. Par conséquent, nous préférons retenir ici trois approches couramment utilisées pour définir les classes moyennes ; chacune ayant des limites et une grille de lecture propres.
La première approche est économique ; elle analyse revenus et niveaux de vie. Une étude de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) établit que les classes moyennes sont celles qui bénéficient d’un revenu allant de 75% à 200% du revenu national médian (la fourchette de 70 à 150 % est aussi couramment utilisée[2]). En fonction de cette échelle, 61% des habitants de l’OCDE en font partie. La Belgique suit la même tendance, avec 65% de ses habitants.[3] En France, l’Observatoire des inégalités précise l’existence de trois classes de revenus. Parmi celles-ci, les classes moyennes se situent entre les 30% les moins bien payés (classes populaires) et les 20% les mieux payés (classes aisées) ; elles représentent donc 50% de la population française. En termes chiffrés, une personne seule appartient aux classes moyennes avec un revenu disponible[4] allant de 1300 à 2300 euros. Pour un couple, sans enfant, la fourchette se situe entre 2500 et 4500 euros. Par ailleurs, l’Observatoire ne nie pas le caractère imparfait, subjectif et limité de la démarche retenue.[5] Le danger de l’approche de classification par le revenu est qu’elle n’est pas toujours conforme à la réalité vécue par tout un chacun. Il faut aussi tenir compte du contexte familial, de la situation professionnelle, de la position hiérarchique, du coût du logement occupé, du mode de vie, etc., autant de paramètres susceptibles d’influencer l’appartenance ou non aux classes moyennes.[6] C’est le principal écueil d’une approche strictement centrée sur les statistiques.
La seconde approche touche à la sociologie ; elle classifie les professions et catégories socioprofessionnelles, mais s’intéresse aussi aux capitaux culturels, aux modes de vie, aux niveaux d’éducation. Éric Maurin, sociologue et économiste, précise qui compose les classes moyennes : y sont représentées les « professions intermédiaires » (professeurs, infirmiers, agent de maitrise, etc.) auxquelles doivent être ajoutés les petits commerçants et artisans. Soit 30% de la population active française.[7] En plus des professions citées ci-avant, il n’est pas rare de leur adjoindre une partie des travailleurs exerçant la fonction de cadre.[8] Précisément, d’après Sophie Pochic, les cadres « constitueraient la fraction supérieure des nouvelles classes moyennes salariées, à la frontière des classes supérieures[9] ». Ce qui nous fait dire que les classes moyennes représentent un ensemble hétérogène et sont l’écho de réalités (professionnelles et économiques) fondamentalement différentes selon que l’on occupe le haut ou le bas de celles-ci. Dès lors, l’usage du critère de la profession pour délimiter l’appartenance aux classes moyennes ne semble pas être des plus adéquats, du moins pas seul. Ce critère a notamment le désavantage de « fai[re] partiellement l’impasse sur une dimension essentielle de l’analyse des classes moyennes, à savoir le facteur qualitatif lié à la position sociale, pour ne pas dire le prestige social.[10] »
La troisième et dernière approche a trait au sentiment d’appartenance. Ici, il est demandé à la population de s’auto-positionner. Pour donner un ordre d’idée, à la suite d’un sondage réalisé par l’Institut français d’opinion publique (IFOP), il apparait qu’entre 2008 et 2019, la part de Français estimant faire partie aux classes moyennes est passée de 70 à 58%.[11] À plus large échelle, il faut souligner que la majorité des habitants des pays membres de l’OCDE estiment appartenir aux classes moyennes. Le taux étant particulièrement élevé dans les pays nordiques, aux Pays-Bas ou encore en Suisse, à l’inverse de pays tels que le Portugal, le Brésil et le Royaume-Uni.[12] Naturellement, cette approche pêche pour son manque d’objectivité. L’économiste Philippe Defeyt résume d’ailleurs en une phrase la difficulté de se baser sur ce seul critère : « Personne n’aime se dire pauvre, personne n’aime se dire riche[13] ».
Un groupe en proie au déclassement
À la base dudit article, il y a notamment le souhait de creuser l’idée selon laquelle les classes moyennes vivent un déclassement. Dans la littérature, il est généralement admis trois grands types de déclassement.[14]
- Le déclassement intergénérationnel, aussi appelé « mobilité sociale descendante », correspond au fait d’occuper une position sociale inférieure à celle de ses parents.
- Le déclassement intra générationnel correspond au déclassement social d’une personne entre le début de sa vie active et la fin de celle-ci. Ceci surviendra notamment en cas de période de chômage.
- Le déclassement professionnel correspond à la situation selon laquelle une personne occupe une profession d’un niveau inférieur (« moins prestigieux ») par rapport au diplôme obtenu.
Alors, les classes moyennes sont-elles concernées par un déclassement ? Nous allons le voir, le débat est loin d’être tranché. Dans le rang des tenants du déclassement, on retrouve, entre autres, le sociologue français Louis Chauvel. Ce dernier dresse un tableau particulièrement noir du vécu des classes moyennes qui, de son point de vue, sont en plein dans une « spirale du déclassement systémique[15] » qui s’expliquerait par la fragilisation des sept piliers[16] sur lesquels leur existence repose : une société basée sur le salariat ; un salaire moyen permettant de mener une vie décente et d’acquérir un logement ; la généralisation de la protection sociale rendue possible par l’accès au salariat ; l’extension de l’accès de toujours plus d’individus à l’enseignement ; une croyance en le progrès ; l’investissement des syndicats, mouvements sociaux et d’associations permettant le contrôle de la sphère politique ; « la promotion d’objectifs politiques mesurés, équilibrés au regard des contraintes réelles ». Pour l’auteur, un déni est trop souvent posé sur la condition réelle des classes moyennes qui elles, en contrepartie, voient leur frustration et ressentiment s’accroitre.[17] Bercées d’illusions et de promesses non rencontrées, elles seraient objectivement menacées par des maux qui, voici une quinzaine d’années, touchaient quasi exclusivement les catégories populaires.[18] Dit en des termes plus métaphoriques, l’auteur assimile cette situation à la décomposition d’un morceau de sucre dans une tasse de café : « la partie supérieure de la société semble toujours intacte, mais l’érosion continue de la partie immergée la promet à la déliquescence[19] ».
A côté de cela, certains réfutent l’idée même de l’existence d’un déclassement. C’est notamment le cas d’Éric Maurin qui s’était, en 2012, déjà prononcé en la défaveur de cette thèse, dans un ouvrage cosigné avec le sociologue Dominique Goux, arguant au contraire de de la capacité des classes moyennes à résister et à maintenir leur position depuis la fin des Trente Glorieuses.[20] Selon Éric Maurin, une analyse chiffrée de l’évolution du statut social ou scolaire permet d’affirmer que seule une frange minoritaire des personnes composant les classes moyennes font en réalité l’expérience d’un déclassement ; la majorité, elle, étant indemne.[21] D’autres suggèrent une approche plus nuancée. Pour Camille Peugny, le déclassement est tantôt objectif, tantôt subjectif, selon qu’on appartient à la partie inférieure ou supérieure des classes moyennes. Si l’on suit son point de vue, les rangs inférieurs des classes moyennes sont effectivement en proie à un réel déclassement, mais la donne est tout autre pour les rangs supérieurs qui, du fait de leurs conditions économiques et culturelles, parviennent à se maintenir au rang des classes moyennes, voire, pour les mieux loties, de rejoindre les classes les plus aisées. Autrement dit, parler de déclassement pour les classes moyennes n’est pas incorrect, mais il faut veiller à contextualiser le déclassement dont on croit être l’objet au regard de sa propre situation objective.
Et si, finalement, plus que du déclassement effectif, c’est de la peur du déclassement qu’il faudrait questionner ? Présente dans les esprits d’un nombre toujours plus important de citoyens et révélatrice d’un mal profond qui guette nos sociétés, on la dit « encore plus néfaste pour l’économie […] que son existence réelle[22] ». Dans son ″Portrait des classes moyennes″, la Fondation pour l’Innovation politique affirme que la « crainte du déclassement constitue un marqueur important [des classes moyennes][23] », et ce plus encore que l’expérience réelle d’un déclassement social par celles-ci. Conscientes de la fragilité de la conjoncture actuelle, les classes moyennes seraient en fait des terreaux idéals au développement de l’angoisse et anxiété à l’aune d’un avenir empli d’incertitudes. Mais soit, si l’existence d’une crainte du déclassement au sein de la population est avérée, elle ne doit pas cacher l’existence d’un déclassement effectif, du moins pour une partie des classes moyennes.
Un amoncellement de difficultés
Entamons cette partie sur une base chiffrée en reprenant les données récoltées par l’OCDE. Sur une échelle mondiale, depuis 1980, l’organisation soutient que les classes moyennes de ses pays membres[24] sont passées en moyenne de 64 à 61%. Au terme de chaque décennie, 1% de la population quitte les rangs des classes moyennes.[25] Ce chiffre témoigne d’un lent déclin…mais d’un déclin quand même. L’étude de l’OCDE fait également mention d’une difficulté croissante pour les jeunes générations de rejoindre les classes moyennes.[26] En revanche, si la thèse d’une forte « dé-moyennisation » semble valable pour les pays développés, elle prend un chemin inverse pour les pays dits émergents qui connaissent en effet un véritable essor des classes moyennes.[27]
Que l’on décide d’accoler aux classes moyennes (des pays développés) les termes de délitement, d’affaiblissement et de déclin, le constat est clair : elles vivent des temps incertains. Pour comprendre comment elles ont en sont arrivées là, citons une liste non-exhaustive de phénomènes, de difficultés qui pèsent sur leur existence.
Premièrement, il faut pointer la polarisation du marché de l’emploi. Ce phénomène désigne la contraction des emplois intermédiaires au détriment de la croissance des emplois hautement qualifiés et très bien rémunérés et des emplois peu qualifiés et faiblement rémunérés. En termes chiffrés, si l’on prend le cas belge, entre 1999 et 2016, l’on constate « une baisse de l’emploi moyennement qualifié de 5,4 points de pourcentage, tandis que l’emploi très qualifié a progressé de 3,4 points et celui des peu qualifiés de 1,9 point[28] ». La donne est la même chez nos voisins d’Outre-Quiévrain. Une étude du Centre pour la Recherche Économique et ses Applications évoque pour « le marché du travail du secteur privé français […] une forte polarisation de l’emploi[29] » qui a résulté en la disparition d’emplois des classes moyennes[30]. Sans surprise, la tendance se vérifie aussi en Europe.[31] Grégoire Verdugo, spécialiste du marché du travail, voit en la révolution informatique et numérique l’un des principaux facteurs derrière la polarisation de l’emploi. Celui-ci fait d’abord mention d’un remplacement par « l’ordinateur » des emplois intermédiaires dans le secteur industriel ainsi que dans celui des services. Ces emplois, dont l’activité correspond principalement à des tâches dites « routinières », ont souffert de l’informatique et fini par être automatisés. D’après l’auteur, les différentes catégories de travailleurs n’ont pas géré l’arrivée du progrès technologique de la même manière polarisant ainsi le marché du travail. Tantôt, celui-ci est occupé par des personnes aux emplois hautement qualifiés avec des salaires élevés pour lesquels l’ordinateur n’est en rien un concurrent (programmeur, analyste financier, ingénieur, etc.). Ceux-ci sont pleinement bénéficiaires dudit progrès. Tantôt, s’y retrouvent des personnes occupant des emplois peu qualifiés et faiblement rémunérés (aide-soignant, serveur, vendeur, etc.). Considérés comme non routiniers, ces emplois requièrent un faible niveau d’études et sont difficilement remplaçables par des machines.[32] Dans le futur, il restera à voir comment l’évolution de l’intelligence artificielle et de la robotique impactera ces emplois, mais c’est assurément un autre débat[33]. Au milieu de ces deux pôles en croissance, l’on retrouve les emplois intermédiaires dont l’existence est menacée de destruction[34] ; des « emplois moyennement qualifiés […] souvent occupés par des personnes appartenant[35] » aux classes moyennes. La boucle est bouclée. Et Grégoire Verdugo d’ajouter que le second facteur à jouer un rôle dans la polarisation du marché du travail est le commerce international. Dès le moment où ce dernier s’est intensifié avec les pays en développement, une logique implacable s’en est suivie : les pays riches ont réorganisé leurs activités et décidé de ne garder, sur leur sol, que les tâches les plus sophistiquées (à forte valeur ajoutée) favorisant de ce fait les emplois qualifiés. En contrepartie, les tâches de production (« routinières ») ont été externalisées vers les contrées où le coût du travail est beaucoup plus intéressant pour les acteurs industriels. Nombre d’emplois intermédiaires, principalement dans l’industrie, ont donc été directement perdus.[36]
Deuxièmement, il faut pointer des considérations économiques liées notamment aux revenus, au coût de la vie, au pouvoir d’achat… C’est ce qu’a fait l’OCDE, dans son rapport de 2019, dans lequel l’organisation a analysé l’état des classes moyennes de ses pays membres. Durant ces trente dernières années, l’OCDE précise que les revenus des classes moyennes « n’ont quasiment pas augmenté et ont même stagné dans certains pays[37] ». Plus édifiant encore, elle ajoute que « les revenus médians ont augmenté d’un tiers de moins que le revenu moyen des 10 % les plus riches[38] ». Parallèlement à cette (non)-évolution, l’OCDE pointe une autre problématique : la hausse du coût de la vie, visible à plusieurs niveaux, à savoir le coût du logement, l’éducation, la santé ; des biens et services que l’on associe généralement à la condition de vie des classes moyennes. Ceux-ci ont vu leur prix augmenter plus rapidement que l’inflation globale.[39] Le problème étant aussi que la courbe des revenus ne suit pas celle de ces coûts. Prenons, par exemple, les dépenses allouées au logement. L’analyse de celles-ci démontre que les classes moyennes lui consacrent une part toujours plus importante de leur revenu disponible (un tiers contre un quart en 1990), sans compter la hausse vertigineuse du coût que représente l’acquisition d’un logement.[40] Gardons à l’esprit que la dynamique évoquée ici, par l’OCDE, est globale et doit être contextualisée en fonction des variations entre chaque pays. Enfin, si l’on prend le cas belge, le poids des dépenses contraintes (coûts fixes et réguliers) liées au logement (le loyer, le remboursement d’un prêt, l’électricité, l’eau, les assurances, etc.) représente en moyenne 30,3% du panier global des dépenses d’un ménage, soit une augmentation considérable par rapport à 1999.[41] Il y a le poids de ces dépenses, et puis, il y aussi le prix de l’immobilier. Le prix de l’immobilier belge étant ce qu’il est, il faut admettre la difficulté de plus en plus grande, notamment pour les jeunes et primo-acquéreurs, d’acquérir un bien immobilier. Sans l’aide des parents ou sans un apport suffisant, la perspective d’un achat s’assombrit. On peut aussi regretter le rôle des banques, de plus en plus frileuses au moment de prêter.
Ceci étant dit, attardons-nous un instant sur la question du niveau de vie qui a longtemps caractérisé l’appartenance aux classes moyennes. Dans une étude pour la Fondation Jean Jaurès analysant « la fin de la grande classe moyenne », Jérôme Fourquet, politologue, décrit comment, durant les Trente Glorieuses, la moyennisation de la société s’est effectuée autour de la consommation : « Ils ont pu, par exemple, se doter d’un équipement pour leur foyer cochant toutes les cases du standard minimum exigé, c’est-à-dire une voiture et de l’électroménager. L’accès aux loisirs et aux vacances était assuré et, à horizon d’une vie, ouvriers et employés pouvaient envisager l’accession à la propriété. » Si ce modèle de consommation s’est standardisé, il s’est aussi élevé. Tout un temps rendu accessible par la force du travail et du revenu, Jérôme Fourquet est d’avis qu’il est désormais beaucoup plus compliqué, pour une toute une frange de la population (y compris des classes moyennes et pour les plus jeunes), d’y accéder. Ce mode de vie, que beaucoup de personnes pensaient acquis, a fini par leur échapper. Et ceci, d’après Jérôme Fourquet, a été mal accueilli par les principaux intéressés étant donné que « le pouvoir d’achat et le niveau de consommation constituent des facteurs essentiels de l’estime de soi et de la mesure de bonne intégration sociale[42] ».
Enfin, brièvement, d’autres éléments peuvent expliquer les difficultés des classes moyennes. Parmi elles, on retrouve notamment la dévalorisation des titres scolaires (ou diplômes) que cite Louis Chauvel. L’auteur, pour le cas de la France, décrit une situation où le diplôme perd en prestige et n’ouvre plus les portes qu’en d’autres temps il aurait justement permis d’ouvrir.[43] Il poursuit et précise que la surmultiplication des diplômes s’apparente plus à un objectif quantificatif que qualificatif, ce qui mènerait à une impasse qu’il décrit comme étant « celle d’une génération dépositaire de titres universitaires sidéraux, mais dont la contrepartie en termes d’emplois réels est destinée à demeurer virtuelle[44] ». Un autre problème évoqué par Louis Chauvel a trait à la mobilité descendante ou, dit autrement, au déclassement social intergénérationnel qui toucherait une partie des membres des classes moyennes.[45]
«Il n’est pire aveugle que celui qui ne veut pas voir »
J’ai le sentiment que très peu, parmi nos décideurs politiques, prennent véritablement conscience de l’importance des classes moyennes pour la stabilité sociale, économique et politique de notre société ainsi que des menaces qui pèsent sur son existence. Est-il nécessaire de rappeler, à une époque pas si lointaine, que la France a vu poindre une crise qui a vu des milliers de citoyens (issus des classes modestes et classes moyennes inférieures) descendre dans les rues crier leur désarroi, leur colère, leur désespoir et porter des revendications des plus légitimes ? À l’époque, j’avais été particulièrement perplexe à la lecture d’un certain nombre de commentaires et analyses sur cette crise. J’y ai souvent vu des propos enrobés de dédain et de mépris, des condamnations et des moqueries émanant de décideurs, mais aussi d’observateurs et autres éditorialistes, préférant, souvent, pointer la violence (inacceptable) d’une minorité et passer sous silence les déboires d’une majorité à bout de souffle qui estimait être abandonnée par l’État français. Il faut pouvoir entendre la frustration de ces populations et répondre à leurs inquiétudes et leurs doutes. C’est précisément le rôle du politique.
Pour ce faire, il convient d’activer des leviers. Le premier d’entre eux est l’éducation et la formation. Face au phénomène de la polarisation de l’emploi qui touche particulièrement les classes moyennes, faisons de la formation « tout au long de la vie » un outil central. Pensée en concertation avec les entreprises – après tout, elles connaissent mieux que quiconque leurs besoins –, la formation professionnelle doit permettre aux personnes dont l’emploi est menacé par les évolutions technologiques d’acquérir de nouvelles compétences. Le rôle de l’État est d’impulser, faciliter voire d’accompagner le changement. Face à la révolution numérique et les profondes mutations du marché du travail, le système éducatif et la formation doivent être réinventés sous peine de rater le train en marche. Ceci implique aussi de faire évoluer les mentalités. Un second levier concerne la fiscalité. Aujourd’hui, face au profond sentiment d’injustice fiscale qui prévaut (à juste titre), il faut pouvoir refonder en profondeur la fiscalité et la rendre plus lisible, plus juste, plus attractive et plus distributive. Les classes moyennes ont souvent le sentiment de contribuer beaucoup mais de recevoir peu en retour. Un nouveau paradigme s’impose, à la hauteur des enjeux sociétaux. Le travail doit être encouragé, valorisé et soutenu. La Belgique n’est-elle pas l’un des pays européens taxant le plus le travail ? Une réforme de la fiscalité s’entend aussi par des aides renforcées à l’égard des jeunes qui désirent acquérir un premier logement. Assurément, cette réforme devra être effectuée sans tabou. Il faut rétablir un contrat social, redéfinir un projet de société qui fasse sens. Sans ça, les classes moyennes continueront leur lente érosion. L’État doit s’atteler à redonner de l’espoir et la confiance à cette frange de la population. Et de citer Emile Zola, pour conclure cet article : « Lorsque l’avenir est sans espoir, le présent prend une amertume ignoble ».
[1] Damon, J., « Les classes moyennes : définitions et situations », Études, 2012.
URL : https://www.cairn.info/revue-etudes-2012-5-page-605.htm
[2] Polère, C., « Classes moyennes : quel avenir, quels impacts attendre de leur transformation ? », Métropole de Lyon, 2017, p. 8.
URL : file:///C:/Users/PERMFE~1/AppData/Local/Temp/Classes%20moyennes_CPmarsWEB.pdf
[3] Guillaume, T., « La classe moyenne étouffe, dit l’OCDE », Lecho.be, 2019.
URL : https://www.lecho.be/economie-politique/international/economie/la-classe-moyenne-etouffe-dit-l-ocde/10116038.html
[4] Le revenu disponible correspond à tous les revenus perçus (qu’ils soient issus du patrimoine, d’une activité) après déduction des impôts directs et l’ajout des prestations sociales.
[5] Observatoire des inégalités., « Pauvres, moyens ou riches ? Les revenus par type de ménage », Observatoire des inégalités, 2021.
URL : https://www.inegalites.fr/Pauvres-moyens-ou-riches-Les-revenus-par-type-de-menage?id_mot=130
[6] Laurent, S., Roucaute, D., « Qu’est-ce que la classe moyenne ? », Les décodeurs, LeMonde.fr, 2016.
URL : https://www.lemonde.fr/les-decodeurs/article/2014/09/18/quelle-definition-de-la-classe-moyenne_4490097_4355770.html
[7] Propos d’Éric Maurin recueillis par Bourmeau, S., « Politiquement, les classes moyennes ont un rôle d’arbitre qu’elles n’ont jamais eu avant », Liberation.fr, 2012.
URL : https://www.liberation.fr/societe/2012/01/12/politiquement-les-classes-moyennes-ont-un-role-d-arbitre-qu-elles-n-ont-jamais-eu-avant_787684/
[8] Propos de Serge Bosc recueillis par Buet, P-E., in « Mais qui sont donc les Français de la « classe moyenne » ? », Challenges.fr, 2014.
URL : https://www.challenges.fr/economie/qui-sont-les-francais-de-la-classe-moyenne_141709
[9] Pochic, S., « Cadres et artisans : deux pôles opposés ? », Constructif, 2012.
URL : http://www.constructif.fr/bibliotheque/2012-11/cadres-et-artisans-deux-poles-opposes.html?item_id=3287
[10] Bonneval, L., Fourquet, J., Gomant, F., « Portrait des classes moyennes », Fondapol, 2011, p. 10.
http://eclairs.fr/wp-content/uploads/2011/09/note1portrait-des-classes-moyennes.pdf
[11] Oudghiri, R., « La classe moyenne existe-t-elle encore ? », LSA, 2019.
URL : https://www.lsa-conso.fr/la-classe-moyenne-existe-t-elle-encore-etude-analyse,330071
[12] OCDE., « Sous pression : la classe moyenne en perte de vitesse », Éditions OCDE, Paris, 2019, p .22.
URL : https://www.oecd-ilibrary.org/sites/2b47d7a4-fr/1/2/1/index.html?itemId=/content/publication/2b47d7a4-fr&_csp_=afa8739201c732850f1f1d215a4869c8&itemIGO=oecd&itemContentType=book
[13] Propos de Philippe Defeyt in Mormont, M., « Classes moyennes menacées ? La Sécu en guise de parachute », Alter Échos, 2016.
URL : https://www.alterechos.be/classes-moyennes-menacees-la-secu-en-guise-de-parachute/
[14] Centre d’observation de la société., « Déclassement », Centre d’observation de la société, 2017.
URL : http://www.observationsociete.fr/definitions/declassement.html
[15] Ibid., p. 142.
[16] Chauvel, L., « La spirale du déclassement. Essai sur la société des illusions », Éditions du Seuil, Paris, pp. 83-85.
[17] Ibid., p. 87.
[18] Ibid., pp. 57-58.
[19] Ibid., p. 57.
[20] Pour plus d’informations, consultez Goux, D., Maurin, E., « Les nouvelles classes moyennes », Coll. Collection La république des idées, Éditions du Seuil, 2012.
[21] Propos d’Éric Maurin recueillis par Bourmeau, S., « Politiquement, les classes moyennes ont un rôle d’arbitre qu’elles n’ont jamais eu avant », Liberation.fr, 2012.
URL : https://www.liberation.fr/societe/2012/01/12/politiquement-les-classes-moyennes-ont-un-role-d-arbitre-qu-elles-n-ont-jamais-eu-avant_787684/
[22] Vie-Publique.fr, « Crainte du déclassement : la fin de l’ascenseur social ? », Vie-Publique.fr, 2019.
URL : https://www.vie-publique.fr/eclairage/272088-crainte-du-declassement-la-fin-de-lascenseur-social
[23] Bonneval, L., Fourquet, J., Gomant, F., op. cit., p. 27.
[24] Revenus situés entre 75% et 200% du revenu médian national
[25] OCDE., op. cit., p .24.
[26] Ibid., p. 31.
[27] Bouzou, N., Damon, J., « Petits meurtres entre amis. Classes moyennes : le 21ème siècle m’a tuer ? », Atlantico.fr, 2013.
https://www.atlantico.fr/article/decryptage/classes-moyennes–le-21eme-siecle-m-a-tuer–nicolas-bouzou-et-julien-damon
[28] De Sloover, F., Saks, Y., « La polarisation de l’emploi va-t-elle de pair avec celle des salaires ? », Banque nationale de Belgique, 2018, p. 86.
URL : https://www.nbb.be/doc/ts/publications/economicreview/2018/revecoiii2018_h4.pdf
[29] Reshef, A., Toubal, F., « La polarisation de l’emploi de France. Ce qui s’est aggravé depuis la crise de 2008. », CEPREMAP, Éditions Rue d’Ulm, 2019, p. 16.
https://www.cepremap.fr/depot/opus/OPUS50.pdf
[30] Ibid., p. 79.
[31] Peugny, C., « L’évolution de la structure sociale dans quinze pays européens (1993-2013) : quelle polarisation de l’emploi ? », Sociologie, 2018.
URL : https://journals.openedition.org/sociologie/3691
[32] Verdugo, G., « La polarisation des marchés du travail », SES-ENS, 2020.
URL : http://ses.ens-lyon.fr/articles/la-polarisation-des-marches-du-travail
[33] Reshef, A., Toubal, F., op. cit., p. 80.
[34] Propos de Grégoire Verdugo recueillis par Polère, C., « Classes moyennes : quel avenir, quels impacts attendre de leur transformation ? », Métropole de Lyon, 2017, p. 35.
URL : file:///C:/Users/PERMFE~1/AppData/Local/Temp/Classes%20moyennes_CPmarsWEB.pdf
[35] OCDE., op. cit., p. 21.
[36] Verdugo, G., « La polarisation des marchés du travail », op. cit.
[37] OCDE., op. cit., p. 25.
[38] Ibid., p. 26.
[39] Ibid., pp. 28-29.
[40] Ibid., p. 29.
[41] Statbel., « Le logement occupe une place toujours plus importante dans le budget des ménages », Office belge des statistiques, 2019.
URL : https://statbel.fgov.be/fr/nouvelles/le-logement-occupe-une-place-toujours-plus-importante-dans-le-budget-des-menages
[42] Fourquet, J., « La fin de la grande classe moyenne », Fondation Jean Jaurès, 2019.
URL : https://jean-jaures.org/nos-productions/la-fin-de-la-grande-classe-moyenne
[43] Chauvel, L., op. cit., p. 112.
[44] Ibid., pp. 113-114.
[45] Ibid., pp. 114-115.